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jeudi 4 septembre 2025

5G, infrastructures, concurrence, mobile money : le secteur télécom se transforme

Le Maroc s’apprête à franchir un cap décisif dans sa stratégie numérique avec le lancement de la 5G attendu pour novembre 2025. Cette échéance, qui coïncide avec la Coupe d’Afrique des Nations, s’inscrit dans le calendrier ambitieux du plan Maroc Digital 2030. Si les trois opérateurs historiques — Maroc Telecom, Inwi et Orange Maroc — sont au cœur de cette transformation, la transition vers la 5G soulève aussi des enjeux de financement, de régulation et de rentabilité. C’est en substance ce que révèle le dernier rapport BKGR de BMCE Capital.

Avec un taux de pénétration mobile de 155,8 % à fin mars 2025, le marché demeure très concurrentiel. Le parc mobile est dominé par Medi Telecom (Orange) avec 34,1 % des parts, suivi de Wana Corporate (Inwi) à 33,2 % et Maroc Telecom à 32,6 %. Cette répartition quasi équilibrée témoigne d’une concurrence vive, stimulée par la montée en puissance des usages numériques. L’Internet mobile, désormais largement dominé par la 4G, recule légèrement à 39,9 millions d’abonnés, soit un taux de pénétration de 108,2 %.

Le chiffre d’affaires du secteur, estimé à 36 milliards de dirhams en 2024, devrait atteindre 46 milliards d’ici 2030, tiré par l’essor des infrastructures et de la demande en connectivité. La 5G, à elle seule, pourrait générer entre 4 et 6 milliards de dollars de valeur économique d’ici la fin de la décennie, soit jusqu’à 2 % du PIB projeté. Le Maroc mise ainsi sur des applications à fort potentiel dans l’industrie, la santé et les villes intelligentes.

Le déploiement initial passera par une technologie non autonome (NSA), adossée aux réseaux 4G existants, avant une migration progressive vers la 5G autonome (SA). L’objectif est d’atteindre une couverture de huit villes dès novembre 2025, puis 70 % de la population à l’horizon 2030. L’appel à concurrence pour l’attribution des licences, lancé en juillet, prévoit un investissement de 80 milliards de dirhams sur dix ans.

Les opérateurs devront respecter des critères stricts, notamment en matière de couverture rurale, de cybersécurité et de qualité de service. Maroc Telecom a obtenu une bande passante de 120 MHz contre 70 MHz pour ses concurrents, pour un coût total de 2,1 milliards de dirhams.

Parallèlement à la 5G, le Royaume renforce sa stratégie de mutualisation des infrastructures. Les joint-ventures Uni Fiber et Uni Tower, nées du partenariat entre Maroc Telecom et Inwi, viseront à accélérer le déploiement de la fibre et à répondre aux exigences techniques imposées par les grands événements internationaux.

Sur le fixe, le marché reste dominé par IAM avec 52,7 % des parts malgré un recul face à la concurrence. Sur le segment ADSL, sa part tombe à 54,4 % contre 67 % un an plus tôt. Le paiement mobile, lui, peine à décoller, avec 13,7 millions de portefeuilles actifs fin 2024, malgré une hausse de 32 % sur un an. Des freins structurels persistent, freinant l’essor d’un outil pourtant stratégique pour l’inclusion financière.

Le cadre réglementaire, toujours favorable aux opérateurs alternatifs, pourrait évoluer. Des mesures comme l’asymétrie tarifaire, justifiées à l’origine pour briser la domination d’IAM, sont désormais questionnées. La levée progressive de ces freins, l’ouverture aux opérateurs mobiles virtuels (MVNO), le développement du contenu numérique et l’accélération du mobile payment constituent autant de leviers pour renforcer la compétitivité et la rentabilité du secteur.

À l’horizon 2030, l’écosystème télécom pourrait générer jusqu’à 5,5 milliards de dirhams de chiffre d’affaires supplémentaire, porté par la diversification des offres et l’émergence de nouveaux usages.

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