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jeudi 3 juillet 2025

722 MDH d’or importé : une régularisation plus qu’un engouement

Une hausse spectaculaire, mais trompeuse. Les importations marocaines d’or industriel ont atteint 722 millions de dirhams à fin mai 2025, contre 295 millions un an plus tôt. Soit une progression fulgurante de 144 %, selon les derniers chiffres de l’Office des changes. Un bond qui pourrait laisser penser à une explosion de la demande locale… mais qui s’explique en réalité par un autre phénomène : la régularisation progressive des circuits informels.

Loin d’un boom conjoncturel, cette augmentation traduit une dynamique structurelle : celle d’une mise en conformité accélérée d’opérateurs qui importaient auparavant en marge du cadre légal. Un phénomène amplifié par plusieurs facteurs récents, comme des saisies d’or ayant renforcé la pression sur les circuits parallèles ou encore le durcissement des conditions imposées par certains intermédiaires européens.

À cela s’ajoute un contexte international propice, avec des cours mondiaux de l’or orientés à la hausse, portés par les incertitudes géopolitiques et les inflexions de politiques monétaires des grandes banques centrales. Mais cette tendance mondiale n’explique pas à elle seule le pic enregistré au Maroc. Le véritable moteur reste la formalisation croissante du secteur.

Sous contrainte réglementaire, certains commerçants ont trouvé des solutions innovantes pour continuer à exercer légalement. Des regroupements ont vu le jour, sous forme de sociétés communes, afin d’entamer un dialogue structuré avec les autorités. L’objectif : pouvoir honorer les paiements à l’international dans les règles, notamment lorsqu’il s’agit de verser des avances substantielles exigées par les fournisseurs étrangers.

Jusqu’ici, la réglementation des changes limitait considérablement ce type d’opérations, freinant la fluidité des transactions. Mais face aux demandes pressantes des professionnels, les autorités ont progressivement assoupli leur position, réduisant notamment les délais nécessaires pour obtenir des autorisations de paiement anticipé à l’étranger.

En toile de fond, c’est une transformation en profondeur du secteur qui s’opère. Loin d’un emballement de la consommation, les statistiques du commerce extérieur donnent surtout à voir un processus de régularisation. Un signal encourageant pour la traçabilité, la transparence et la structuration d’une filière longtemps dominée par l’informel.

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L'invité du Nouvelliste Maroc

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