Bien plus qu’un simple sport, Le golf est une tradition ancrée dans l’histoire du royaume, façonnée par les sultans, les diplomates et les passionnés de fairways. D’une introduction confidentielle dans les cercles aristocratiques à son rayonnement international, ce sport a traversé les époques, évoluant au gré des ambitions royales et des dynamiques modernes. Un siècle d’histoire qui a fait du Maroc une destination golfique incontournable.
Si l’on attribue souvent l’essor du golf au royaume à la construction du premier parcours officiel en 1914 à Tanger, les prémices de cette discipline remontent à la fin du XIXᵉ siècle. À cette époque, le Maroc vit ses dernières années d’indépendance et Tanger, capitale diplomatique du pays, accueille une importante communauté de plénipotentiaires étrangers. Parmi eux, des diplomates britanniques s’adonnent déjà à leur sport favori sur le plateau de Marchane, où se dresse aujourd’hui le stade de football emblématique de la ville. C’est sous le règne du jeune sultan Moulay Abdelaziz que le golf trouve un écho plus officiel. Attiré par les innovations venues d’Occident, le souverain découvre le golf grâce à ses conseillers britanniques. Impressionné, il décide d’offrir aux ambassadeurs européens un terrain à Marchane afin qu’ils puissent y jouer en toute liberté. Peu avant son abdication en 1908, il leur concède un second espace, toujours à Tanger. Quelques années plus tard, en 1914, ce terrain verra la construction du tout premier parcours de golf du Maroc, posant ainsi la première pierre d’une longue aventure golfique.
L’histoire s’accélère véritablement en 1971 sous l’impulsion de Feu Sa Majesté le Roi Hassan II. Passionné par ce sport, il crée le Trophée Hassan II, un tournoi qui devient rapidement une référence sur la scène internationale. Symbole de prestige et d’excellence, cette compétition a vu défiler les plus grands noms du golf, de Ernie Els à Vijay Singh en passant par Nick Price et Billy Casper. En parallèle, la Fédération Royale Marocaine de Golf, fondée en 1960, joue un rôle fondamental dans la structuration de la discipline. Depuis 2018, sous la présidence de Son Altesse Royale le Prince Moulay Rachid, elle déploie une stratégie ambitieuse pour démocratiser le golf, avec des initiatives marquantes comme le programme « Road to the Tour » et la création de la Coupe Lalla Meryem, dédiée aux golfeuses.
Aujourd’hui, le Maroc est une terre de golf reconnue à l’échelle mondiale, notamment grâce à des parcours d’exception. À Rabat, le Royal Golf Dar Es Salam, niché au cœur d’une forêt de chênes-lièges, est un véritable joyau. Son parcours rouge, d’une technicité redoutable, accueille chaque année des compétitions internationales majeures. À Marrakech, le Royal Golf, inauguré en 1927, incarne l’élégance et le raffinement. Winston Churchill, Dwight Eisenhower et d’autres figures illustres y ont perfectionné leur swing. En 2008, un nouveau parcours, le « Ménara », est venu enrichir l’offre de ce club mythique.
Mais le golf au Maroc, c’est aussi une dynamique sociale et économique de grande ampleur. Avec plus de 8 000 licenciés et un ambitieux programme d’initiation qui touche chaque année près de 6 000 jeunes, ce sport se veut un vecteur d’inclusion. Il est aussi un pilier du tourisme, attirant des milliers de visiteurs en quête de parcours prestigieux sous un climat idyllique. L’objectif est clair : faire du Maroc un hub golfique de premier plan, capable de rivaliser avec les grandes destinations européennes et américaines.
Le golf féminin connaît également une ascension fulgurante. Ines Laklalech en est l’un des symboles : en 2022, elle devient la première Arabe et Nord-Africaine à remporter le Ladies Lacoste Open de France, décrochant ainsi son ticket pour le prestigieux circuit LPGA. La même année, sept golfeuses marocaines participent à la Coupe Lalla Meryem, prouvant que le golf féminin marocain est en pleine effervescence.
L’avenir du golf marocain s’écrit avec ambition. Sous l’impulsion de la FRMG, des initiatives se multiplient pour rendre ce sport accessible à une population plus large. L’académie du Royal Golf Dar Es Salam, fondée en 2004, en est un parfait exemple : elle offre aux jeunes talents, y compris ceux issus de quartiers défavorisés, la possibilité de s’initier à la discipline. Avec des infrastructures de classe mondiale, une dynamique sportive en plein essor et un soutien institutionnel solide, le Maroc s’affirme plus que jamais comme une terre de golf. Un pays où ce sport, autrefois réservé aux élites, devient un patrimoine vivant, en perpétuelle évolution.
Mohamed MOUNADI
