Les défaillances d’entreprises au Maroc devraient atteindre un nouveau sommet en 2025, avec 16 800 cas attendus, soit une augmentation de +7 % par rapport à l’année précédente. Ce niveau, jamais atteint auparavant, marque une hausse de +109 % par rapport à la période pré-Covid (2016-2019), selon le dernier rapport d’Allianz Trade.
Cette tendance à la hausse s’inscrit dans un contexte économique contrasté. D’un côté, la croissance économique reste dynamique, portée par les investissements publics et privés. De l’autre, plusieurs obstacles continuent de fragiliser les entreprises locales, notamment le stress climatique qui impacte la production agricole, les tensions sociales liées au chômage des jeunes et des difficultés persistantes en matière de paiement. Les retards de règlement, en particulier pour les PME, constituent l’un des principaux freins à une baisse des faillites avant 2026.
Selon Lluis Dalmau, économiste pour l’Afrique et le Moyen-Orient chez Allianz Trade, la tendance pourrait évoluer dans les années à venir. Une réduction des faillites dites « administratives », qui concernent des entreprises inactives utilisant des cadres juridiques pour se dissoudre, pourrait permettre un assainissement progressif du marché. Toutefois, sans amélioration des délais de paiement et sans mesures supplémentaires pour soutenir la trésorerie des entreprises, une véritable inversion de la tendance semble difficile à court terme.
Le Maroc n’est pas un cas isolé. Les défaillances d’entreprises continuent de croître à l’échelle mondiale. Après une hausse de +10 % en 2024, Allianz Trade prévoit une augmentation de +6 % en 2025, suivie de +3 % en 2026. Cela porterait à cinq années consécutives la montée des faillites depuis 2022.
En 2024, quatre pays sur cinq ont enregistré une augmentation des faillites, notamment en Amérique du Nord, en Asie et en Europe de l’Ouest. Les secteurs les plus touchés sont la construction, les transports et les services B2B. Cette tendance s’explique par plusieurs facteurs, notamment le maintien de taux d’intérêt élevés, une croissance économique modérée et des incertitudes accrues sur le plan géopolitique.
Maxime Lemerle, analyste en chef de la recherche sur l’insolvabilité chez Allianz Trade, rappelle que 474 grandes entreprises ont fait faillite en 2024, un chiffre record sur la dernière décennie. Cette situation souligne l’importance pour les entreprises de surveiller de près les risques liés à leurs fournisseurs et partenaires.
Allianz Trade prévoit que la hausse des faillites se poursuivra en 2025 et 2026, notamment en raison de l’incertitude économique persistante et du risque de tensions commerciales. Une guerre commerciale à grande échelle pourrait accentuer la tendance, avec une augmentation supplémentaire des faillites estimée entre +7,8 % et +8,3 % selon les scénarios les plus pessimistes.
L’impact sur l’emploi pourrait également être significatif. Allianz Trade estime que 2,3 millions d’emplois seront directement menacés en 2025, un chiffre en hausse de 120 000 par rapport à 2024. L’Europe occidentale et l’Amérique du Nord seraient les plus touchées, suivies de l’Asie.
Dans ce contexte, les entreprises doivent rester prudentes et adapter leur gestion des risques financiers. L’accès au crédit, la maîtrise des coûts et la diversification des sources de revenus seront des éléments clés pour traverser cette période d’incertitude.