Le Raja Club Athletic s’apprête à franchir un cap décisif de son histoire en activant officiellement sa société sportive, marquant ainsi une rupture avec des années d’instabilité chronique. Le projet, porté par le Conseil consultatif du club et mûri depuis deux ans, ouvre la voie à une refonte profonde de la gouvernance, du financement et de la gestion du club, avec l’arrivée inédite d’un investisseur institutionnel dans le capital de la future entité, Raja SA.
Cette transition vise à doter le club d’une structure pérenne, conforme aux standards du sport professionnel. Une démarche saluée par la Fédération royale marocaine de football et les autorités de Casablanca, qui y voient une réponse concrète aux crises successives qui ont miné le Raja : instabilité administrative, dette chronique, rotation incessante à la tête du club. La réforme s’inscrit dans la droite ligne des Hautes Directives Royales formulées en 2008 lors du débat national sur le sport, appelant notamment à renforcer le professionnalisme et diversifier les sources de financement des clubs.
Au cœur du projet, une augmentation de capital massive de la société Raja SA, qui passerait de 300 000 à 250 millions de dirhams. L’association Raja apportera, à travers un transfert d’actifs évalués à 100 millions de dirhams, l’essentiel de la composante sportive : effectif professionnel, droits d’usage de la marque, et rattachement de l’académie, qui restera sa propriété. L’investisseur institutionnel, dont l’identité n’a pas été révélée, injectera pour sa part 150 millions de dirhams, versés sur trois saisons.
La nouvelle répartition du capital reflète ce partenariat stratégique : 60 % pour l’investisseur, 40 % pour l’association. Un contrat de gestion encadrera les relations entre les deux entités, fixant les règles de gouvernance, la durée de l’accord et les modalités de transfert des revenus. Ce mécanisme vise à garantir une cohabitation fluide entre l’expertise technique du club et les exigences de gestion et de performance imposées par l’investisseur.
L’évaluation préalable du patrimoine du club a permis de poser les bases de cette opération. Les actifs bruts ont été estimés à 510 millions de dirhams, tandis que l’encours des dettes s’élève à 130 millions, fixant la valorisation nette du club à 380 millions. Seule une part des actifs a été transférée à Raja SA, le reste, notamment l’académie, demeurant sous l’aile de l’association fondatrice.
Pour le Conseil consultatif, il ne s’agit pas simplement d’un plan de sauvetage, mais d’un repositionnement en profondeur. Il ambitionne de faire du Raja un club pionnier au Maroc et en Afrique, en conjuguant ancrage historique, ambition sportive et stabilité managériale. C’est aussi un précédent pour le football marocain : jamais jusqu’ici un investisseur institutionnel n’avait pris une participation majoritaire dans la société d’un club professionnel.
L’ultime étape du processus sera soumise à l’assemblée générale prochaine de l’association Raja. Au programme : présentation des rapports moral et financier de la saison 2024-2025, validation du projet structurel et élection d’un nouveau bureau, chargé de piloter cette transition. Les premières décisions porteront sur la signature des documents juridiques et la mise en place des organes de gouvernance.
