À Marrakech, le MACAAL propose cet été une installation qui interroge avec subtilité notre rapport à l’eau. Intitulée The Water Cabinet, l’œuvre du duo autrichien Hanakam & Schuller prend place jusqu’au 7 septembre dans l’Artist Room du musée, en collaboration avec la commissaire Stella Reinhold-Rudas et le jardin Anima.
Pensée dans le sillage de la sécheresse qui a frappé le Maroc en 2022, cette création vidéo en quatre volets s’inscrit dans une réflexion plus large sur les enjeux écologiques, les déséquilibres géopolitiques et les récits symboliques liés à l’eau. Les artistes prolongent ici une précédente œuvre, The Moist Cabinet, en déplaçant leur regard vers les infrastructures cachées d’un jardin luxuriant devenu, sous leur objectif, théâtre de tensions invisibles.
Les images ont été tournées dans le décor onirique de l’Anima Garden, situé près de l’Ourika, un cours d’eau alors asséché. Là, les gestes des jardiniers et techniciens locaux — filmés dans leur langue, en darija et en amazigh — racontent sans détours les réalités du terrain. À travers leurs routines, ce sont des formes de résistance discrète et de transmission vernaculaire qui s’expriment, révélant une autre lecture du jardin, à la fois lieu de soin, de mémoire et d’adaptation.
L’installation dévoile l’envers du décor, ces systèmes de pompage et d’irrigation dissimulés qui rendent possible l’illusion d’un oasis. Ce regard documentaire, ponctué de scènes poétiques, confronte l’image idéalisée du jardin à celle d’un monde en crise. Des pétales flottant dans une fontaine côtoient les plans d’une rivière à sec, comme un écho visuel à la rareté croissante de l’eau.
À travers ce travail, le MACAAL poursuit sa mission de dialogue entre création contemporaine africaine et préoccupations planétaires. En donnant la parole à celles et ceux qui façonnent ces paysages, The Water Cabinet interroge la distribution inégale des ressources, les héritages coloniaux et la manière dont nous continuons de fantasmer la nature.
