Dans sa dernière note « Perspectives des Marchés n°3 », CIH Capital Management dresse un état des lieux contrasté des grands équilibres économiques mondiaux, entre tensions géopolitiques, incertitudes commerciales et résilience marocaine. Le document revient notamment sur les récentes secousses provoquées par l’attaque israélienne contre les installations nucléaires iraniennes, survenue le 13 juin, et ses conséquences inattendues sur les marchés.
Ce conflit de douze jours, redouté depuis des années, s’est soldé sans véritable perturbation financière. Les Bourses internationales ont terminé cette période en territoire positif, avec un gain de 1,49 % pour les actions et 0,53 % pour les obligations. La place de Tel Aviv a même bondi de 7 %, affichant la meilleure performance parmi les grands indices. À titre de comparaison, les douze jours qui ont suivi le « Liberation Day » ont vu les marchés plonger, minés par les tensions commerciales. Les actions ont perdu 5,33 % et les obligations 0,71 %, un contraste saisissant.
Pour CIH Capital Management, la logique du marché reste implacable : la guerre économique pèse plus lourd que les conflits armés. L’exemple de l’Ukraine vient renforcer cette analyse. Ni l’annexion de la Crimée ni l’invasion massive du territoire ukrainien n’ont provoqué d’effondrement durable, malgré des perturbations sur les chaînes d’approvisionnement et l’isolement croissant de la Russie.
Alors que la fin de la trêve commerciale approche, les marchés pourraient de nouveau être soumis aux déclarations imprévisibles du président américain. Cette instabilité renforce le climat d’inquiétude autour de l’économie américaine. La Fed table désormais sur une combinaison peu encourageante pour 2025 : inflation en hausse, montée du chômage et croissance atone. Les derniers chiffres ne rassurent pas. L’industrie manufacturière s’est contractée pour le troisième mois consécutif en mai. Le secteur des services a également ralenti pour la première fois depuis un an. Les ventes au détail ont reculé en avril, puis en mai, pénalisées par la chute brutale des ventes de véhicules liée à l’instauration de nouveaux droits de douane.
Malgré ces signaux faibles, une baisse des taux d’intérêt pourrait venir soutenir les marchés actions. Une politique monétaire plus accommodante entraînerait un affaiblissement du dollar, objectif affiché de Donald Trump, et les investisseurs anticipent déjà deux interventions de la Réserve fédérale d’ici la fin de l’année.
L’Union européenne, de son côté, retrouve un certain équilibre. La BCE table sur une inflation maîtrisée et une croissance modérée d’ici 2026, portée par un assouplissement budgétaire en Allemagne. La France reste en retrait, et le moral des ménages allemands s’érode, mais le socle macroéconomique reste solide.
Sur les marchés d’actions, CIH Capital Management souligne la progression des bénéfices, en particulier dans la banque et le BTP. L’indice MASI signe une performance remarquable de 29,7 % depuis le début de l’année et franchit pour la première fois la barre des 19 000 points. Cette dynamique s’appuie sur une inflation contenue, des perspectives de taux favorables et un contexte économique porteur.
Cette envolée n’est pas sans risques. Certains segments, comme la santé ou la construction, affichent des valorisations élevées. D’autres, à l’image des télécoms ou des banques, restent jugés intéressants. Dans un tel contexte, une correction technique à court terme semble plausible.
Le marché obligataire, quant à lui, bénéficie de l’anticipation d’une détente monétaire. Le déficit budgétaire marocain a progressé de près de 50 % en un an, atteignant 26,8 milliards de dirhams. Les besoins globaux de financement, désormais à 44,6 milliards, ont été en grande partie couverts par des emprunts extérieurs, devenus un pilier des équilibres budgétaires. Cette situation renforce l’intérêt des investisseurs pour les obligations, notamment sur les maturités longues. CIH Capital Management recommande de renforcer les positions sur les titres privés à court terme.
Malgré les turbulences internationales, l’économie marocaine confirme sa résilience. Selon Bank Al-Maghrib et le Haut-Commissariat au Plan, la croissance devrait atteindre 4,6 % en 2025, contre 3,8 % en 2024. Cette progression s’appuie sur une bonne performance agricole et une dynamique robuste dans les secteurs non agricoles, portée par les investissements en infrastructures, notamment dans le cadre des préparatifs pour la CAN 2025 et la Coupe du Monde 2030. L’inflation, attendue autour de 1 % en 2025, resterait contenue, avant une légère remontée à 1,8 %, traduisant une maîtrise des fondamentaux.