Une équipe de l’Institut national des sciences de l’archéologie et du patrimoine vient de mettre au jour une mosquée datant du VIIIe siècle sur le site de Sijilmassa, dans le Tafilalet. Avec ses 2620 m², l’édifice découvert figure désormais comme le plus ancien lieu de prière islamique connu au Maroc.
La construction remonte au règne d’Abou Mansour Al-Yasa’ Ibn Abî Al-Qâsim, quatrième émir de la dynastie des Midrarides. Plusieurs campagnes de travaux successives ont laissé leurs traces sur le bâti jusqu’au XIIIe siècle, témoignant de la permanence de cette mosquée dans le paysage urbain de l’émirat.
Les archéologues ont également identifié des éléments décoratifs en plâtre sculpté et des fragments de bois orné datant du XVIIIe siècle. Ces vestiges constituent les premiers indices matériels d’une présence artistique alaouite à Sijilmassa.
Non loin de là, un quartier résidentiel de la même époque a été dégagé. Douze maisons, des patios, des ustensiles de cuisine et des espaces de stockage ont été retrouvés, révélant un noyau d’habitat associé à l’autorité du Makhzen. Une présence d’autant plus significative qu’elle s’inscrivait dans un environnement tribal aux allégeances mouvantes.
Située à proximité de Rissani, dans la province d’Errachidia, Sijilmassa fut l’une des principales plaques tournantes du commerce transsaharien à partir du VIIIe siècle. Fondée par les Midrarides, la cité prospéra jusqu’au XVe siècle, avant de sombrer progressivement dans l’oubli. Elle fut détruite au début du XIXe siècle.
Les opérations de fouilles s’inscrivent dans un vaste chantier de mise en valeur du site, piloté par le ministère de la Culture. L’investissement engagé atteint 245,5 millions de dirhams.