À Casablanca, la Fondation Mohammed VI des Sciences et de la Santé a annoncé avoir réalisé la première greffe rénale incompatible ABO en Afrique, une intervention qui permet de transplanter un rein entre donneur et receveur de groupes sanguins différents. Cette avancée médicale est le résultat d’une mobilisation coordonnée des services d’anesthésie-réanimation, de néphrologie, d’urologie, d’hématologie, d’immunologie, du Blood Center Mohammed VI et de la chirurgie vasculaire, avec l’appui scientifique du professeur français Lionel Rostaing, spécialiste de ce type de greffe.
Le directeur général de l’hôpital de la Fondation, Abdelbar Oubaaz, a souligné le caractère inédit de l’opération au Maroc et sur le continent, rendue possible grâce aux moyens humains et techniques déployés. Il a précisé que la difficulté majeure réside dans la préparation du patient, une étape nécessitant la collaboration de plusieurs spécialités médicales. Cette phase a été optimisée grâce à l’expertise d’un professeur français, tandis que l’acte chirurgical a été entièrement mené par des médecins marocains.
La patiente opérée présente des signes d’amélioration encourageants. Selon Oubaaz, cette réussite ouvre de nouvelles perspectives pour les malades en attente de greffe et offre une alternative à la dialyse.
Le directeur de spécialité néphrologie des hôpitaux de la Fondation, Ramadani Benyouness, a rappelé qu’environ un quart des candidats à la transplantation sont incompatibles sur le système ABO. La patiente a suivi un mois de préparation, puis une surveillance renforcée au cours des premières semaines suivant l’opération. Seize jours après la greffe, sa fonction rénale est normale et la dialyse a été définitivement interrompue, laissant espérer un rein fonctionnel pour de longues années.
Cette opération marque une étape importante pour la FM6SS, qui ambitionne de renforcer l’accès à la transplantation et de repousser les limites de la compatibilité immunologique au Maroc et en Afrique.
