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jeudi 21 août 2025
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Pharmaciens en colère : brassards noirs et sit-in annoncés

La crise entre les pharmaciens et le ministère de la Santé franchit un nouveau cap. La Confédération des syndicats des pharmaciens du Maroc (CSPM) accuse la tutelle d’avoir renié ses engagements après plusieurs années de discussions infructueuses. Dans un communiqué publié ce lundi, elle annonce un programme de mobilisation progressive destiné à faire pression sur les autorités.

La première étape consistera en un port de brassards noirs par les pharmaciens du pays, du 18 août au 9 septembre. Ce mouvement symbolique sera suivi d’un sit-in national le 9 septembre, à midi, devant le siège du ministère à Rabat. La CSPM tient le gouvernement et la tutelle pour responsables des conséquences de ce qu’elle dénonce comme un « blocage systématique » et appelle à une mobilisation générale des pharmaciens, en ville comme en milieu rural.

Pour Mohammed Lahbabi, président de la Confédération, la rupture est consommée : « Nous avons épuisé tous les recours pour faire entendre notre voix, mais le ministère persiste à ignorer nos propositions. Nos revendications concernent l’intérêt des citoyens autant que celui des pharmaciens ».

Au cœur du bras de fer figure la réforme des prix des médicaments. La CSPM dénonce une démarche unilatérale du ministère, qui prépare un nouveau décret sans concertation réelle avec la profession. Selon Lahbabi, une seule réunion préliminaire a eu lieu, sans suite, avant que le projet ne soit transmis au Conseil de gouvernement. « Nous avons découvert avec stupeur que nos propositions n’avaient pas été intégrées », regrette-t-il.

D’autres griefs alimentent la colère des pharmaciens. Le retard dans la mise en œuvre de la loi sur l’Ordre national des pharmaciens, adoptée en 2023, prive la profession d’institutions représentatives légitimes. L’Ordre actuel, élu il y a dix ans, n’assure plus qu’une gestion transitoire, ce qui fragilise l’ensemble du secteur.

Les pharmaciens alertent aussi sur la vente illégale de médicaments dans certaines cliniques et sur les réseaux sociaux, où circulent des produits contrefaits. Ils dénoncent la passivité du ministère face à ce phénomène qu’ils qualifient de « menace directe pour la santé publique ».

Le cadre légal pose également problème. Le Dahir de 1922 sur les substances vénéneuses, jugé obsolète, expose encore les pharmaciens à des poursuites lorsqu’ils délivrent des médicaments sur la base d’ordonnances falsifiées. Plusieurs cas de condamnations à la prison ont été signalés, dont celui d’un pharmacien de 65 ans récemment libéré grâce à une grâce royale après deux ans de détention.

Enfin, la CSPM réclame l’instauration du droit de substitution en cas de rupture de stock, une pratique autorisée en France, en Algérie et en Tunisie. Selon elle, ce mécanisme aurait permis d’atténuer la crise récente des médicaments, qui a touché plus de 600 références, dont des traitements essentiels pour le diabète, l’hypertension ou certains cancers.

La Confédération considère que la stabilité du secteur pharmaceutique est une condition indispensable à la sécurité médicamenteuse des Marocains. Face à un ministère jugé inflexible, elle semble décidée à maintenir la pression. Si aucun compromis n’est trouvé, le conflit pourrait s’envenimer dans les prochaines semaines, avec un risque direct sur l’accès des citoyens aux médicaments.

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