Malgré une campagne 2024-2025 marquée par une sécheresse prolongée, les plateformes de démonstration d’Al Moutmir dédiées aux céréales et légumineuses ont affiché des performances encourageantes. Déployées dans 24 provinces du Royaume, ces unités expérimentales ont permis à 275 agriculteurs de tester, sur leur propre exploitation, des pratiques agricoles innovantes fondées sur la science et adaptées aux conditions locales.
Porté par l’Université Mohammed VI Polytechnique et son Collège de l’Agriculture, et appuyé par la Fondation OCP, le programme repose sur une conviction forte : rapprocher la recherche agronomique des réalités du terrain pour transformer durablement les systèmes de production. Chaque plateforme mise en place suit un itinéraire technique optimisé, alliant fertilisation raisonnée, protection intégrée, gestion efficiente de l’eau et utilisation ciblée de solutions spécialisées.
Sur les 1 102 sites installés cette année – dont plus de 600 en semis direct – les résultats ont confirmé la pertinence de cette approche. Pour les céréales, les gains de rendement ont oscillé entre 21 et 23 % par rapport aux pratiques traditionnelles. Du côté des légumineuses, les hausses ont atteint jusqu’à 33 %, notamment dans les zones irriguées ou de montagne. Les marges bénéficiaires, elles, se sont améliorées de 33 à 54 %, traduisant une meilleure maîtrise des coûts et une valorisation accrue des récoltes.
Dans un contexte climatique tendu, marqué par un début de saison sec et des précipitations irrégulières, ces performances témoignent du rôle crucial de l’innovation technique. Les plateformes en semis direct, en particulier, ont montré leur efficacité comme alternative résiliente. En moyenne, elles ont permis des gains de 20 % par rapport aux méthodes classiques, tout en réduisant la vulnérabilité face au stress hydrique.
Le programme, mené en collaboration avec le Ministère de l’Agriculture à travers l’ONCA et les Directions provinciales, va bien au-delà de l’expérimentation. Il constitue un espace d’apprentissage collectif, avec des écoles aux champs, des formations et un appui digital via l’application @tmar. Plus de 3 000 agriculteurs ont ainsi été sensibilisés indirectement.
Réunis le 19 septembre à Benguerir lors de la 17e édition de l’Al Moutmir Open Innovation Lab, chercheurs, agronomes, professionnels et représentants institutionnels ont salué la portée de ces résultats. Plusieurs thématiques structurantes y ont été abordées, dont le plan national de semis direct, la diversification face au changement climatique ou encore la séquestration du carbone.
Les témoignages recueillis sur le terrain confirment l’impact concret de cette approche. À Beni Mellal, un agriculteur a pu augmenter sa production grâce à une fertilisation mieux ciblée. À Sidi Kacem, le passage au semis direct a permis d’atteindre 32 quintaux par hectare sur une parcelle, contre 26 pour le témoin. À Khémisset, une meilleure gestion phytosanitaire a boosté les rendements en lentilles, redonnant confiance à un producteur touché par les aléas climatiques.
Al Moutmir illustre, à travers ces plateformes, une agriculture en transition, portée par la science, construite sur la coopération, et tournée vers la résilience.
