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mardi 7 octobre 2025

Budgets 2026 : Agadir et l’Oriental, deux modèles en contraste

Deux approches du développement local se dessinent à travers les budgets récemment adoptés par le Conseil communal d’Agadir et le Conseil régional de l’Oriental. Si les deux collectivités affichent un excédent conséquent pour l’exercice 2026, la structure de leurs budgets et la philosophie de leurs investissements révèlent des priorités et des logiques de gouvernance distinctes.

À Agadir, la stratégie repose sur la consolidation d’une autonomie financière déjà acquise. Avec 791 millions de dirhams de recettes prévues contre 541 millions de dépenses, la commune affiche un excédent anticipé de 250 millions. Plus qu’un simple équilibre comptable, ce résultat s’inscrit dans une dynamique maîtrisée, construite sur une progression continue des recettes locales. En deux ans, ces dernières ont bondi de 514 à 827 millions de dirhams, renforçant une capacité d’autofinancement portée à 90 %, très au-dessus de la moyenne nationale.

Cette performance permet à la ville de financer ses projets sans dépendre de ressources extérieures, tout en gardant le contrôle sur ses priorités. Les fonds dégagés sont canalisés vers des investissements ciblés, principalement dans les infrastructures de proximité, les espaces publics et les équipements sociaux. La gestion est recentrée sur l’impact, la durabilité financière et une modernisation des outils administratifs.

La région de l’Oriental affiche, quant à elle, un excédent prévisionnel nettement supérieur en volume, estimé à plus de 543 millions de dirhams pour un budget total de 773 millions. Ce chiffre, bien que significatif, s’explique par une structure budgétaire différente. Les dépenses de fonctionnement sont contenues (229 millions), libérant une large marge pour l’investissement. Mais contrairement à Agadir, cette capacité d’investissement s’appuie fortement sur des partenariats et des cofinancements, parfois minoritaires, comme en témoignent les multiples conventions adoptées.

Le Conseil régional a validé une série de projets couvrant un large spectre social et territorial : centres d’accueil, cités universitaires, marchés, routes, logements sociaux, équipements pour la jeunesse, électrification rurale, services hospitaliers ou encore soutien aux personnes vulnérables. L’objectif affiché est clair : mailler le territoire, corriger les déséquilibres internes et répondre aux besoins d’une population dispersée sur un espace frontalier vaste et hétérogène.

L’ampleur de l’ordre du jour – plus de 80 points – reflète une approche volontariste, mais aussi une gouvernance fondée sur la coordination interinstitutionnelle. La région agit en catalyseur de projets structurants, mobilisant une diversité d’acteurs autour d’enjeux sociaux, économiques et environnementaux.

Là où Agadir capitalise sur une logique d’efficience budgétaire et de gestion autonome, l’Oriental parie sur l’effet multiplicateur de partenariats publics, dans un effort d’aménagement du territoire et de justice sociale. Deux modèles qui illustrent les marges de manœuvre mais aussi les contraintes propres à chaque niveau de collectivité. L’un optimise des ressources locales consolidées dans un tissu urbain dense. L’autre compose avec les défis de la fragmentation territoriale, des besoins sociaux pressants et d’un développement plus diffus.

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