La campagne d’exportation 2025 des avocats marocains démarre dans un climat tendu. Alors que les premières cargaisons de Hass prennent à peine la route, elles doivent déjà se frayer un chemin dans un marché européen saturé par une présence exceptionnelle de fruits sud-américains.
Le Pérou, qui devait avoir cédé sa place, joue les prolongations. Sa production continue d’alimenter l’Europe trois semaines au-delà du calendrier habituel. Dans le même temps, le Chili entre en scène avec des volumes en nette hausse par rapport à la saison précédente. Cette double offensive a installé une suroffre durable, dans laquelle les fruits marocains peinent à trouver leur place.
Le contexte est d’autant plus difficile pour les variétés à peau verte, présentes sur les étals depuis plusieurs semaines. Arrivées en trop grand nombre, elles se sont heurtées à une demande atone. La variété Ettinger, notamment, a subi de plein fouet ce déséquilibre. « La demande était faible, et la campagne d’exportation des variétés vertes a été tout simplement désastreuse », confie Yassin Chaib, directeur général de Mavoca, acteur majeur du secteur.
Cette saturation du marché pèse lourdement sur les prix. À l’ouverture de la saison, les cours affichent une baisse d’environ 20 % par rapport à l’année dernière. Une tendance à la baisse qui s’est accentuée ces derniers jours, sans perspective de redressement avant janvier, période traditionnellement peu favorable à la consommation d’avocats.
Derrière ces aléas conjoncturels, le secteur doit aussi composer avec une défiance croissante des importateurs européens. En cause, des déclarations jugées imprécises, voire exagérées, de certains producteurs marocains sur les pertes de récolte. Une communication jugée contre-productive, qui a semé le doute sur la fiabilité de l’origine. Plusieurs acheteurs ont préféré se tourner vers d’autres provenances, notamment en Amérique latine.
Sur le marché national, les premiers fruits trouvent preneurs, mais à des prix contenus. Cette stabilité masque mal la pression économique que subissent les producteurs, notamment ceux qui ont vu leur production affectée par les fortes chaleurs. Pour l’heure, l’export reste fragile, et les perspectives dépendent largement de l’évolution de la concurrence dans les prochaines semaines.
Malgré ces débuts difficiles, la profession mise sur une amélioration progressive à partir de janvier. La qualité des fruits s’annonce en hausse, avec une meilleure concentration des calibres les plus demandés — 12, 14 et 16. « Nous misons sur une montée en qualité avec des fruits plus gros, qui peuvent soutenir les prix », estime Yassin Chaib. Si les conditions climatiques se maintiennent et que le taux de matière sèche progresse comme attendu, la seconde partie de la campagne pourrait offrir un répit.
Mais le message est clair : dans un marché aussi concurrentiel, la fiabilité de l’origine et la précision des données seront aussi déterminantes que la qualité des fruits.





