Le Maroc vers un numérique inclusif et humain à l’horizon 2030
Dans cette interview accordée au Nouvelliste Maroc, Pr. Amal El Fallah Seghrouchni, ministre de la Transition Numérique et de la Réforme de l’Administration, détaille les enjeux et priorités de la transformation numérique au Maroc.
Elle met en lumière les défis liés à l’interopérabilité des administrations, à la fracture numérique et au changement de mentalité nécessaire pour garantir un accès équitable aux services digitaux sur l’ensemble du territoire.
L’entretien illustre la vision stratégique du ministère visant à positionner le Maroc comme un hub régional numérique et à rendre le digital véritablement au service de tous les citoyens, quel que soit leur lieu de vie ou leur niveau d’éducation.
De la recherche universitaire à la fonction ministérielle
Pour Pr. El Fallah Seghrouchni, le passage du milieu académique au ministère ne constituait pas un saut dans l’inconnu. Dans son parcours, la pression pour produire des solutions concrètes à haut niveau de maturité technologique (TRL) et en collaboration avec l’industrie l’a préparée à gérer la complexité et l’urgence des projets gouvernementaux. « Arrivée au ministère, il fallait mettre les bouchées doubles, voire triples, pour délivrer des solutions numériques tangibles et à fort impact sur la société », explique-t-elle.
Les défis de la transformation numérique
Si la transformation digitale semble aujourd’hui une évidence, elle se heurte à plusieurs obstacles. Les questions d’interopérabilité et la fracture numérique entre villes, zones rurales et montagnes restent des défis majeurs. Pr. El Fallah Seghrouchni souligne l’importance de développer un numérique inclusif, capable de toucher l’ensemble de la population, quel que soit son niveau d’éducation ou sa localisation géographique.
L’intelligence artificielle au cœur de la stratégie nationale
La ministre met un accent particulier sur l’IA comme moteur de transformation. Le Maroc a organisé en juillet 2025 les Assises nationales de l’intelligence artificielle, avec un engouement exceptionnel du public. Plus de 560 doctorats ont été lancés dans les domaines de l’IA, de la cybersécurité et du digital. Deux centres de data souverains sont en cours de construction à Rabat (50 MW) et Dakhla (500 MW), alimentés par des énergies renouvelables, positionnant le Maroc comme un hub régional de données. Parallèlement, le réseau d’instituts Jazari permettra la recherche, la formation et l’incubation de startups spécialisées, avec l’ambition de créer 1 000 startups IA d’ici 2030.
Un cadre réglementaire et inclusif
Pour soutenir cette dynamique, le ministère a élaboré la loi Digital X.0, visant un digital de confiance, inclusif et humain. Cette loi encadre la protection des données personnelles, la cyber sécurité, l’identité numérique et l’adoption des technologies par tous les citoyens. L’approche adoptée combine formation des talents, infrastructures de pointe et régulation, assurant que le numérique serve le citoyen et non l’inverse.
Vision à horizon 2030
À l’horizon 2030, la ministre souhaite que tous les Marocains puissent bénéficier d’un digital fier, inclusif et humain, où l’IA et le numérique améliorent l’éducation, la santé, l’agriculture et le sport. Le Maroc aspire ainsi à devenir un hub arabo-africain de l’IA, capable de diffuser ses innovations à l’échelle régionale et continentale.




