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mercredi 29 octobre 2025

À Rabat, Kamilya Zarkani expose un Maroc vivant et symbolique

Le bâtiment historique de Kasr Al Bahr, niché dans l’enceinte de l’hôtel Four Seasons à Rabat, accueille jusqu’au 20 décembre une exposition de l’artiste plasticienne Kamilya Zarkani. Intitulée « Kasr Al Bahr, histoire et patrimoine », cette nouvelle série prolonge le travail entamé depuis plusieurs années par l’artiste autour des lettres arabes et de leur lien profond avec l’identité marocaine.

Au total, 41 œuvres sont présentées. Peintures à l’huile, aquarelles, acryliques, collages et compositions en bois se côtoient dans une scénographie sobre, où chaque format — petit, moyen ou grand — semble répondre à une même quête : traduire visuellement un héritage, rendre palpable ce qui fonde la mémoire d’un territoire.

Les matériaux choisis, parfois bruts, sont rehaussés d’incrustations de pierres semi-précieuses ou de broderies, accentuant la singularité du geste artistique. Kamilya Zarkani revendique une expression profondément enracinée dans la tradition, mais tournée vers la transmission. « Je suis fille de la vieille ville de Ouezzane », confie-t-elle. « Chaque toile est un message adressé aux jeunes : notre patrimoine est un socle, une source de progrès. »

À travers cette exposition, l’artiste revisite les imaginaires marocains. Le caftan, les dialectes, les croyances populaires ou encore le Sahara marocain apparaissent comme autant de repères dans un paysage plastique riche et multiple. Un fil rouge traverse l’ensemble : faire dialoguer le local et l’universel, le tangible et le symbolique.

Le caractère arabe, omniprésent dans plusieurs pièces, est travaillé avec une approche que l’artiste nomme « réalisme de la lettre arabe ». Les teintes noir et or dominent, conférant à ces formes un pouvoir visuel dense, presque mystique. L’œil, autre motif récurrent, est posé là comme un gardien, écho aux croyances populaires où il agit comme rempart contre le mauvais sort. La khmissa, main protectrice, s’invite également dans certaines œuvres, prolongeant cette réflexion sur les signes et leur charge symbolique.

L’exposition s’inscrit ainsi dans une continuité, tant artistique que spirituelle. Elle interroge ce que signifie « appartenir » à un lieu, à une histoire, à une culture. Et comment, par l’art, ces appartenances peuvent se transformer en langage commun.

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