La deuxième édition de l’Africa Financial Summit (AFIS) s’est tenue à Casablanca sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, réunissant plus de 1 200 dirigeants venus de 40 pays africains et internationaux. Ce rendez-vous continental, dédié à la souveraineté financière de l’Afrique, a confirmé le rôle central du Maroc comme plateforme régionale de réflexion et d’action en matière de finance durable et intégrée.
Dans son allocution d’ouverture, Nadia Fettah, Ministre de l’Économie et des Finances, a souligné que cette rencontre incarne la vision panafricaine de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, pour qui la finance est un levier stratégique du développement et de la souveraineté du continent.
La ministre a mis en avant la résilience de l’économie africaine, qui continue d’afficher des perspectives solides malgré les crises mondiales. Selon la Banque africaine de développement (BAD), la croissance du continent atteindra 3,8 % en 2025, tandis que le Fonds monétaire international (FMI) prévoit 4 %.
Fettah a insisté sur un paradoxe majeur : l’Afrique épargne chaque année plus de 500 milliards de dollars, mais moins de 10 % de cette épargne est investie sur le continent. Pour surmonter ce déséquilibre, elle a plaidé pour la mise en place d’une finance africaine intégrée et souveraine, capable de canaliser l’épargne vers les projets productifs. Elle a invité à mobiliser les fonds de pension, capitaux institutionnels et fonds d’investissement pour financer les infrastructures, rappelant qu’actuellement moins de 3 % des actifs des fonds africains y sont investis.
Pour la ministre, trois leviers doivent être consolidés : la confiance (entre États, régulateurs et investisseurs), l’interopérabilité (des systèmes financiers et réglementaires) et l’audace (pour concevoir des outils africains adaptés aux besoins du continent).
L’Afrique, a-t-elle affirmé, ne cherche pas l’isolement mais la reprise en main de son destin économique. Pour cela, elle doit se doter de mécanismes de garantie africains, capables de réduire le coût du risque et du capital, souvent supérieur de 300 à 400 points de base à la moyenne mondiale. Elle a aussi appelé à la création de pools d’assurance régionaux pour faire face aux risques climatiques, cybernétiques et logistiques, dont la fréquence a augmenté de 70 % entre 2014 et 2023.
Fettah a enfin encouragé l’émission d’obligations vertes et sociales africaines, encore limitées à 2 milliards de dollars en 2024, soit moins de 0,5 % du marché mondial, afin de financer des projets liés à l’énergie, à l’eau, à l’éducation et aux infrastructures.
