Depuis 2007, Attijariwafa bank fonde l’ensemble de ses comptes consolidés sur les normes internationales IFRS, devenues le socle de sa doctrine comptable. Cette transition, amorcée avec un bilan d’ouverture arrêté au 1er janvier 2006, marque une rupture méthodologique qui n’a cessé de se renforcer au fil des évolutions normatives. Le groupe bancaire revendique aujourd’hui une application stricte, à la fois fidèle aux textes de l’IASB et adaptée aux spécificités de son organisation.
Le périmètre de consolidation repose avant tout sur l’analyse du type de contrôle exercé sur les entités. Sont intégrées non seulement les filiales détenues à plus de 20 % des droits de vote, mais aussi celles dont les indicateurs financiers franchissent certains seuils : total du bilan, fonds propres ou chiffre d’affaires supérieurs à 0,5 % des agrégats consolidés. Les véhicules ad hoc, créés dans un but opérationnel ciblé, sont également intégrés dès lors qu’un contrôle effectif est établi, conformément à la norme IFRS 10. En revanche, les participations destinées à être cédées à court terme sont tenues en dehors du périmètre.
Sur les immobilisations corporelles, Attijariwafa bank privilégie le modèle du coût historique, ajusté par l’amortissement cumulé et les éventuelles pertes de valeur. L’approche par composants est retenue uniquement pour les actifs dont la valeur brute dépasse un million de dirhams. Cette stratégie vise à éviter la multiplication de plans d’amortissement sans impact significatif sur la lecture des comptes. Les terrains ne sont pas amortis, leur valeur résiduelle étant présumée stable.
Concernant les immeubles de placement, la même logique prévaut. Ces actifs, conservés à des fins de rentabilité ou de valorisation, sont enregistrés selon le modèle du coût, sans recours à la réévaluation, même si une estimation de leur juste valeur est produite à des fins informatives. Les immeubles opérationnels loués à des tiers extérieurs au groupe entrent également dans cette catégorie.
Les immobilisations incorporelles, qu’elles soient acquises ou développées en interne, sont soumises à des critères stricts de reconnaissance. Les logiciels, les droits au bail ou les fonds de commerce sont évalués au coût, avec des durées d’amortissement homogènes entre les entités. Attijariwafa bank a choisi de ne pas retenir la méthode de réévaluation, même si elle est autorisée sous certaines conditions. En l’absence de données fiables, aucun actif incorporel n’est comptabilisé.
Le goodwill, ou écart d’acquisition, n’est plus amorti depuis l’entrée en vigueur des IFRS, conformément à la norme IAS 36. Il fait l’objet de tests de dépréciation annuels ou à chaque fois qu’un indice de perte de valeur est identifié. En cas d’écart négatif, celui-ci est immédiatement constaté en résultat. Le groupe a par ailleurs opté pour la non-revalorisation des goodwill existants à la date de première application, comme le permet IFRS 1.
Avec l’entrée en vigueur d’IFRS 16, la comptabilisation des contrats de location a été profondément modifiée. Depuis janvier 2019, tous les contrats, hors exceptions, donnent lieu à la reconnaissance d’un droit d’utilisation à l’actif et d’une dette locative au passif. Attijariwafa bank a choisi l’approche rétrospective modifiée, qui ne nécessite pas le retraitement des périodes antérieures. Des exemptions sont toutefois appliquées aux baux de courte durée ou de faible valeur. Les taux d’actualisation utilisés reposent sur le taux d’emprunt marginal du groupe, calculé à partir de plusieurs paramètres, dont les courbes de taux, les primes de risque et les conditions propres au contrat.
Les instruments financiers sont classés selon trois catégories : au coût amorti, à la juste valeur par résultat, ou à la juste valeur via les capitaux propres. La classification dépend à la fois des caractéristiques des flux contractuels et du modèle de gestion de l’actif. Les dérivés sont systématiquement évalués à la juste valeur par résultat. Attijariwafa bank n’utilise pas, à ce jour, de dérivés désignés en couverture. Lorsque les instruments sont hybrides, le groupe procède à la séparation des dérivés incorporés, sous réserve qu’ils ne soient pas étroitement liés au contrat hôte.
Le calcul des dépréciations repose désormais sur le modèle des pertes de crédit attendues (ECL), instauré par IFRS 9. Cette approche prospective classe les actifs selon trois niveaux de risque, en fonction de l’évolution du profil de crédit depuis la comptabilisation initiale. La mesure du risque repose sur des modèles statistiques propres au groupe, construits à partir de ses historiques de défaut, de recouvrement, et des caractéristiques des garanties. La définition du défaut est alignée sur les normes de Bank Al-Maghrib.
Pour les dépôts et les emprunts, la juste valeur est déterminée selon la nature du produit et son taux de rémunération. Les dépôts à vue sont évalués à leur montant nominal, conformément à IFRS 13. Les dépôts rémunérés sont appréciés en fonction des taux de marché, et peuvent faire l’objet de décotes s’ils sont jugés hors marché. Les carnets d’épargne, régis par des taux administrés, ne sont pas retraités.
Les engagements envers le personnel sont eux aussi traités selon les normes internationales. Le groupe distingue les régimes à cotisations définies, qui ne génèrent aucune obligation future, des régimes à prestations définies, plus complexes à valoriser. Pour ces derniers, les hypothèses actuarielles sont établies selon la méthode des unités de crédit projetées. Les indemnités de fin de carrière, les primes d’ancienneté ou les médailles du travail donnent lieu à des provisions spécifiques. En revanche, certains dispositifs, comme la couverture médicale postérieure à l’emploi, ne sont pas comptabilisés faute de données suffisantes.
Les instruments de capital propres détenus par le groupe sont portés en déduction des capitaux propres consolidés. Leurs effets sont neutralisés dans le compte de résultat. Les paiements à base d’actions, lorsqu’ils existent, sont traités en fonction de la nature du plan, qu’il s’agisse d’options ou d’offres de souscription avec décote. La charge correspondante est répartie sur la période d’incessibilité.
Enfin, depuis janvier 2023, les entités d’assurance du groupe appliquent la norme IFRS 17, en remplacement d’IFRS 4. La comptabilisation des contrats s’effectue désormais par groupes, selon leur rentabilité attendue. Trois méthodes sont prévues : l’approche générale, la méthode des honoraires variables pour les contrats participatifs, et l’approche simplifiée pour les contrats de courte durée. Attijariwafa bank a opté pour l’approche rétrospective modifiée, adaptée à ses contraintes d’information. Les flux de trésorerie futurs sont actualisés, complétés par une marge de risque, et intégrés dans les passifs techniques.
Avec cet arsenal normatif, Attijariwafa bank revendique une gouvernance comptable robuste, conforme aux exigences internationales et adaptée à la diversité de ses activités. De la consolidation à l’évaluation actuarielle, chaque choix traduit une volonté de stabilité, de lisibilité et de maîtrise des risques comptables.