Près de 60 % des investissements publics réalisés entre 2022 et 2024 par un échantillon d’entreprises et d’établissements publics marocains ont une vocation climatique. Cette proportion ressort du premier exercice de chiffrage climatique mené à l’échelle nationale, sous la houlette du ministère des Finances.
Sur les 54 milliards de dirhams injectés par les entités étudiées, près de 32 milliards concernent des projets contribuant directement ou indirectement à la lutte contre le changement climatique. Ce chiffre marque un tournant dans la stratégie de financement de la transition verte du Royaume.
L’étude, conduite en collaboration avec un cabinet spécialisé, a mobilisé un panel de dix acteurs publics sélectionnés pour leur poids stratégique, leur maturité en matière de reporting environnemental et leur impact sectoriel. Ce travail s’inscrit dans une démarche plus large visant à mettre en place un système intégré de mesure des investissements climatiques au sein du portefeuille public.
Le groupe CDG se distingue avec un taux de 100 % de projets classés climatiques. Il est suivi par l’Agence nationale des eaux et forêts (93 %), l’ONEE, le groupe OCP, Autoroutes du Maroc, le port Tanger Med et Masen, tous à 80 % ou plus. Les projets concernés couvrent un large éventail de domaines, de l’énergie solaire à la décarbonation industrielle, en passant par la gestion durable de l’eau, la biodiversité ou les infrastructures portuaires.
Les données ont été établies à partir des marqueurs Rio de l’OCDE, qui permettent d’identifier le niveau de contribution de chaque projet à la lutte contre les émissions ou à l’adaptation climatique. Parmi les projets emblématiques figurent un chantier solaire de 1,42 milliard de dirhams porté par Masen, sept programmes forestiers de l’ANEF pour 5,9 milliards, ou encore douze projets du groupe OCP à hauteur de 10,39 milliards, dont près de 90 % relèvent d’objectifs climatiques.
L’étude met aussi en évidence des marges de progression pour plusieurs opérateurs, dont l’ONDA, la CDG ou ADM, où la part climatique des projets reste inférieure à 25 %. Un écart qui souligne l’importance d’intégrer les critères environnementaux dès la conception des projets.
Au-delà du diagnostic, cette démarche ouvre la voie à une meilleure lisibilité du portefeuille public et à une mobilisation renforcée des financements internationaux. Elle répond aux engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris et vise à positionner le Maroc comme un acteur crédible de la finance climat.
Dans cette dynamique, l’Agence nationale de gestion des participations de l’État (ANGSPE) a lancé fin 2024 un chantier structurant autour de la responsabilité sociétale. Celui-ci combine évaluation des risques ESG, mise en place de gouvernances dédiées et suivi opérationnel des engagements.