La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé une nouvelle réduction de 25 points de base de ses taux directeurs, effective à partir du 12 mars 2025. Cette sixième baisse depuis juin marque un assouplissement monétaire destiné à soutenir l’économie européenne face à un ralentissement de la croissance. Pour le Maroc, cette décision pourrait générer des effets contrastés, notamment sur les investissements, les flux commerciaux et la politique monétaire nationale.
L’assouplissement des conditions de crédit en Europe pourrait encourager les investisseurs européens à chercher des opportunités à l’international, notamment dans des marchés en croissance comme le Maroc. Ce contexte pourrait faciliter l’accès au financement pour les grandes entreprises marocaines ayant des liens avec l’Europe, notamment dans les secteurs de l’industrie, du tourisme et des énergies renouvelables. La baisse des taux réduit également le coût d’endettement des entreprises européennes présentes au Maroc, renforçant leur capacité à investir.
Sur le plan monétaire, la dépréciation potentielle de l’euro face aux autres devises pourrait impacter la parité du dirham, qui repose en grande partie sur la monnaie européenne. Une baisse prolongée de l’euro rendrait les exportations marocaines plus coûteuses pour les acheteurs européens, ce qui pourrait peser sur la compétitivité des produits marocains. En revanche, les importations de biens en provenance de la zone euro deviendraient moins onéreuses, allégeant les coûts pour les entreprises locales.
Les transferts des Marocains résidant en Europe pourraient également être affectés. Un euro plus faible réduit la valeur des envois d’argent une fois convertis en dirhams, avec un impact direct sur le pouvoir d’achat des ménages bénéficiaires au Maroc. Ce phénomène pourrait se traduire par une baisse de la consommation domestique, influençant certains secteurs économiques dépendants de cette manne financière.
Face à cette évolution, la réaction de Bank Al-Maghrib sera déterminante. Si l’inflation au Maroc poursuit sa trajectoire descendante, une révision à la baisse du taux directeur pourrait être envisagée pour maintenir la compétitivité de l’économie nationale et soutenir la consommation. Toutefois, un tel ajustement nécessiterait une analyse approfondie des effets sur le crédit bancaire et la stabilité financière du pays.
L’évolution des flux d’investissements, des exportations et du taux de change devra donc être minutieusement surveillée afin d’anticiper les ajustements nécessaires et maximiser les opportunités offertes par ce nouvel environnement économique.
Mohamed MOUNADI