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samedi 14 juin 2025

Banques marocaines : quand le capital local structure un pôle financier solide

Loin de l’agitation, une recomposition profonde s’opère dans le paysage bancaire national. En moins de trois ans, deux grandes enseignes du secteur sont passées d’un giron étranger à des mains marocaines. Derrière ces opérations, ce n’est pas tant une logique de « marocanisation » qui se dessine qu’une volonté plus large : celle de structurer un pôle bancaire robuste, capable de soutenir les ambitions économiques du pays.

Tout a commencé en 2022 avec le rachat de Crédit du Maroc par Holmarcom. Le groupe de Hassan Bensalah, à travers sa holding financière HFC et sa filiale AtlantaSanad, a repris l’intégralité des parts détenues par Crédit Agricole S.A., soit 78,7 % du capital. En se dotant d’un outil bancaire, Holmarcom a ouvert un nouveau chapitre dans sa stratégie de diversification. Il ne s’agissait pas simplement de changer d’actionnaire, mais bien d’ancrer la banque dans une logique industrielle de long terme.

Un an plus tard, Société Générale Maroc suit un chemin similaire. Cédée pour 745 millions d’euros et désormais en cours de rebranding – le nom de « Saham Bank » est fortement pressenti – l’enseigne entame un repositionnement stratégique en profondeur. Le changement de nom prévu pour le 24 juin officialisera cette nouvelle étape. Plus qu’un simple effet de marque, ce virage incarne une dynamique claire : doter le pays d’acteurs bancaires pleinement intégrés dans le tissu économique local.

Ce mouvement s’inscrit dans une continuité. Depuis les années 1990, les rachats et fusions ont façonné un secteur bancaire de plus en plus structuré. Les précédentes vagues – absorption de la SBC par la BCM, de la SMDC par la BCP ou de la BBVA par Wafabank – avaient déjà posé les jalons d’un système plus cohérent. Aujourd’hui, ces nouvelles opérations viennent consolider un paysage devenu plus lisible, avec des acteurs puissants aux commandes.

La logique est avant tout économique. Ces groupes cherchent à construire des synergies durables entre l’assurance, la finance, et les services bancaires. Pour Zakaria Fahim, associé chez BDO, la solidité du système repose sur une gestion prudente, une politique de crédit rigoureuse et une gouvernance de plus en plus intégrée.

L’impact se mesure aussi à l’échelle continentale. Le dernier classement de Jeune Afrique sur les 500 champions africains montre que les groupes marocains consolident leur avance. Attijariwafa Bank, BCP et Bank of Africa figurent parmi les 20 premières banques du continent. Ces performances ne sont pas isolées : elles traduisent une stratégie d’expansion maîtrisée et une volonté d’installer durablement la finance marocaine dans le paysage africain.

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