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vendredi 21 mars 2025

Baromètre Coface des risques pays et sectoriels : 2025, un saut dans l’inconnu

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Le dernier baromètre des risques pays et sectoriels publié par Coface dresse un tableau préoccupant pour l’année 2025. Malgré la dissipation partielle des incertitudes électorales de l’année précédente, les risques économiques mondiaux restent élevés, accentués par les tensions politiques et commerciales entre grandes puissances. Coface anticipe des turbulences dans plusieurs régions du monde, avec des ajustements dans les évaluations de risque : sept pays voient leurs notes modifiées (dont trois déclassements) et vingt secteurs sont réévalués (douze déclassements).

L’économie mondiale, bien que stable, évolue désormais sur un terrain miné où les divergences économiques transatlantiques, les défis européens, les tensions sur les marchés émergents et la fragilité chinoise constituent des facteurs d’incertitude majeurs.

La divergence transatlantique semble s’affirmer en 2025. Aux États-Unis, la croissance reste solide, soutenue par la résilience des dépenses des ménages, un marché de l’emploi dynamique et une hausse des prix de l’immobilier et des actions. Les politiques économiques pro-business mises en œuvre sous Donald Trump – notamment la dérégulation et les baisses d’impôts – favorisent l’investissement et maintiennent une certaine vitalité économique. Cette dynamique positive se répercute même sur la révision des prévisions de croissance mondiale, désormais portée à 2,7 %.

En Europe, le contraste est frappant. Le Vieux Continent est freiné par des difficultés structurelles dans l’industrie et la construction. Bien que l’inflation soit en baisse, la consommation reste atone en raison de l’incertitude politique, notamment en France et en Allemagne. Ces deux économies clés affichent une croissance morose, tout comme l’Italie, tandis que l’Espagne enregistre un net ralentissement. Dans ce contexte, la zone euro reste le maillon faible de l’économie mondiale en 2025.

Parmi les secteurs les plus touchés, l’industrie automobile européenne peine à retrouver son souffle. En 2024, la croissance des immatriculations n’a atteint que 0,8 %, avec une baisse de 3 % au second semestre. Ce ralentissement est attribuable à une concurrence chinoise de plus en plus féroce et à l’incertitude pesant sur les échanges commerciaux avec les États-Unis, où des menaces de barrières douanières planent toujours. Pour 2025, Coface prévoit une poursuite de cette tendance négative, les constructeurs européens risquant de subir de plein fouet ces pressions extérieures.

Les pays émergents, de leur côté, doivent composer avec une dégradation accélérée de leur environnement économique. L’appréciation rapide du dollar et les sorties massives de capitaux déstabilisent les économies les plus vulnérables, en particulier celles fortement endettées en devises étrangères. Le cas du Brésil est emblématique : en l’espace d’un mois, entre novembre et décembre 2024, le real brésilien a perdu 10 % de sa valeur malgré une hausse des taux d’intérêt par la Banque centrale. Cette crise illustre les risques auxquels sont exposés les pays présentant des déséquilibres budgétaires ou externes importants.

La Chine, elle aussi, reste sous pression. En l’absence de mesures de relance d’envergure, sa croissance devrait ralentir à 4,3 % en 2025, selon les prévisions de Coface, contre 5 % officiellement annoncés pour l’année précédente. Les droits de douane américains demeurent une menace majeure pour le géant asiatique, avec un impact attendu très négatif sur son économie.

Face à ce panorama incertain, Coface met en garde contre une montée des risques qui pourrait, à tout moment, remettre en question le fragile équilibre actuel. Si la croissance mondiale reste stable, elle demeure limitée, avec des perspectives largement dépendantes des décisions politiques et des ajustements économiques à venir. 2025 pourrait bien être une année charnière où les choix stratégiques feront toute la différence entre résilience et crise.

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L'invité du Nouvelliste Maroc

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