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mercredi 14 mai 2025

Biodiversité : le Maroc protégera 30 % de ses espaces maritimes d’ici 2030

Le Maroc renforce sa stratégie de préservation des milieux marins avec la création officielle de huit Aires Marines Protégées (AMP), réparties entre les façades atlantique et méditerranéenne. Cette mesure marque une étape décisive dans la politique de conservation des ressources halieutiques et de protection de la biodiversité littorale engagée depuis plus d’une décennie.

Ces aires s’inscrivent dans un cadre national qui vise à aligner le pays sur les objectifs de la COP15 sur la biodiversité. Le Maroc s’est engagé à protéger 30 % de ses territoires terrestres et marins d’ici 2030. Actuellement, les AMP ne couvrent encore qu’une portion limitée du domaine maritime national, mais les huit zones désignées posent les premiers jalons vers cet objectif. Elles comprennent des écosystèmes variés allant des herbiers de posidonies méditerranéens aux récifs rocheux atlantiques, tous abritant une faune et une flore en recul face à la surpêche, à la pollution et au changement climatique.

Parmi les sites déjà opérationnels ou en cours de mise en œuvre, on retrouve les baies de Dakhla et d’Al Hoceïma, les zones côtières d’Essaouira, d’Agadir et de Saidia, ainsi que des réserves plus petites mais tout aussi stratégiques sur les côtes orientales. Ces AMP ne sont pas seulement des espaces de protection écologique, elles constituent aussi des leviers pour le développement durable local. En limitant certaines activités extractives et en promouvant des pratiques durables comme la pêche artisanale ou l’écotourisme, elles visent à renforcer la résilience économique des populations riveraines.

La gouvernance de ces zones repose sur un dispositif multi-acteurs piloté par l’administration des pêches maritimes, en collaboration avec le Haut-Commissariat aux Eaux et Forêts, l’Institut National de Recherche Halieutique (INRH), des collectivités locales, ainsi que des ONG et institutions internationales. Ces partenaires contribuent à la définition des périmètres, à la surveillance écologique, à la sensibilisation des usagers de la mer et à l’élaboration des plans de gestion spécifiques à chaque aire protégée.

Ce dispositif est appuyé par des instruments juridiques et stratégiques récents, comme la loi sur le littoral qui encadre l’aménagement intégré des zones côtières, en conformité avec les engagements pris dans le cadre de la Convention de Barcelone. Par ailleurs, plusieurs projets pilotes de cogestion sont expérimentés pour associer les pêcheurs, associations et collectivités aux prises de décisions et aux mécanismes de surveillance.

La création de ces AMP s’accompagne d’initiatives plus larges pour améliorer la santé des zones littorales. Le plan « Littoral sans plastique », couplé au Plan National d’Urgence contre la pollution marine accidentelle, commence à porter ses fruits. Selon les données les plus récentes, la qualité des eaux de baignade s’est nettement améliorée, atteignant un taux de conformité de 93 % en 2024, contre 88 % trois ans plus tôt. Le volume de déchets collectés sur les plages a, lui, reculé de plus de 21 %.

Ces progrès traduisent un changement d’échelle dans la manière dont le Maroc envisage la gestion de son patrimoine maritime. Au-delà de la création d’espaces protégés, c’est l’ensemble du modèle de gouvernance du littoral qui tend à se transformer, avec une approche fondée sur l’équilibre entre préservation écologique et dynamiques humaines.

À mesure que ces AMP se consolident et s’étendent, elles pourraient devenir des références régionales, dans un contexte où les pays d’Afrique du Nord cherchent à concilier développement côtier et conservation des ressources naturelles. Le Maroc, par cette stratégie à long terme, entend se positionner comme un acteur engagé dans la défense de l’environnement marin sur les deux rives de la Méditerranée.

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