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lundi 29 décembre 2025

Bourse de Casablanca : soupçons de window dressing ?

L’arrivée de SGTM sur la Bourse de Casablanca n’est pas passée inaperçue. Dès ses premières séances, le titre du groupe de BTP a enchaîné les réservations à la hausse, porté par une demande massive. En quelques jours, il a plus que doublé de valeur. Mais la séance d’ouverture « libre » a rapidement révélé une tension structurelle sur le marché, entre emballement, blocages techniques, correction brutale et soupçons de pratiques discutables de fin d’exercice.

Ce jour-là, les volumes ont atteint des niveaux exceptionnels. Plus de 19 000 contrats ont été traités sur SGTM, pour près de 2 millions de titres échangés. C’est un record pour la place.

Face à cette avalanche, plusieurs plateformes de Bourse en ligne ont montré leurs limites. Certains investisseurs particuliers se sont retrouvés dans l’incapacité de saisir ou modifier leurs ordres. En cause : la saturation des interfaces proposées par certaines sociétés de Bourse, incapables d’absorber la charge au moment critique, notamment lorsque SGTM a amorcé son repli en séance.

Le titre a terminé la journée en baisse de 10 %, après plusieurs séances de forte appréciation. Une chute brutale, mais qui ne remet pas en cause sa performance globale : la valorisation restait alors plus de deux fois supérieure à son cours d’introduction. Cette volatilité, bien que marquante, est classique dans les phases post-IPO très médiatisées, où l’euphorie initiale laisse place à des prises de profit rapides, notamment de la part de petits porteurs.

Mais au-delà de ces dynamiques attendues, certains mouvements ont attiré l’attention. Il s’agit d’opérations croisées entre fonds et à des niveaux de prix élevés. Observées dès les premières séances, elles soulèveraient la question d’un possible usage tactique du titre pour ajuster artificiellement certaines valorisations de portefeuille, à l’approche de la clôture annuelle.

Le scénario évoqué s’apparente à une forme de window dressing. Une pratique qui suppose que certaines sociétés de gestion utiliseraient la flambée d’un nouveau titre afin d’améliorer la valeur liquidative d’un OPCVM. Si la pratique n’est pas nouvelle, elle est particulièrement sensible au sein d’un marché étroit comme celui de Casablanca, où les titres introduits peuvent avoir un impact rapide sur les portefeuilles.

SGTM, en tant qu’émetteur, n’est pas concernée par ces soupçons. L’introduction a été réalisée selon les règles en vigueur. Les mouvements incriminés se seraient déroulés sur le marché secondaire, entre structures de gestion. À ce stade, aucune enquête officielle n’a été annoncée par le régulateur, mais plusieurs opérateurs de place considèrent qu’un examen des ordres serait justifié.

Cette séquence illustre à quel point une introduction réussie peut rapidement devenir un révélateur des fragilités du marché. Infrastructure technique insuffisamment dimensionnée, faible profondeur des carnets, gestion tactique d’OPCVM : autant d’éléments qui, combinés, ont transformé une simple IPO en épisode mouvementé.

Dans un contexte où la Bourse de Casablanca cherche à renforcer sa crédibilité, à élargir sa base d’investisseurs et à relancer le marché primaire, ce type de séance rappelle la nécessité d’une vigilance accrue sur les pratiques de gestion et sur la capacité opérationnelle des acteurs.

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