Le secteur du BTP au Maroc n’a jamais été aussi dynamique. Entre méga-projets, infrastructures sportives et relance du logement, les grues n’ont pas fini de tourner. Selon la dernière note sectorielle de BMCE Capital Global Research, les investissements massifs en cours et à venir propulsent le secteur vers une transformation d’envergure. Et plusieurs facteurs contribuent à cette reprise, notamment les projets liés à la co-organisation de la Coupe du Monde 2030, le Programme National d’Approvisionnement en Eau Potable et d’Irrigation (PNAEPI), ainsi que la relance du marché immobilier.
Des stades flambants neufs
Le Maroc se prépare à accueillir la Coupe d’Afrique des Nations 2025 et la Coupe du Monde 2030, et ce n’est pas qu’une question de ballons ronds. Pour accueillir les foules, neuf stades seront rénovés ou construits, avec des capacités allant jusqu’à 115 000 spectateurs. Montant de la facture : environ 20 milliards de dirhams d’ici 2028.
Mais un match ne se joue pas que sur le terrain. Le pays mise aussi sur ses infrastructures de transport avec l’extension des autoroutes et la modernisation des aéroports. En 2025, 4,1 milliards de dirhams seront injectés dans le réseau routier, notamment pour les tronçons Tit Mellil-Berrechid et Rabat-Casablanca Continentale. D’ici 2030, le Maroc prévoit un réseau autoroutier de 3 000 km, de quoi satisfaire les plus grands road-trippers.
Le développement ferroviaire est également au cœur des priorités, avec un plan visant la construction de 1 300 km de nouvelles lignes à grande vitesse et 3 800 km de lignes ferroviaires classiques. L’Office National des Chemins de Fer prévoit d’investir près de 87 milliards de dirhams dans l’extension de la ligne LGV vers Kénitra et Marrakech, ainsi que dans la création d’un réseau RER reliant Casablanca, Rabat et Marrakech.
Le logement fait peau neuve
Le marché immobilier redémarre avec un programme d’aides directes au logement lancé en 2024. L’État met la main à la poche avec des subventions allant jusqu’à 100 000 dirhams pour l’achat de logements économiques et intermédiaires. Ce coup de pouce pourrait concerner 100 000 ménages chaque année, avec un budget de 9,5 milliards de dirhams jusqu’en 2028.
Le programme « Villes sans bidonvilles » n’est pas en reste avec l’objectif de reloger 120 000 ménages, dont 62 000 rien que dans la région de Casablanca-Settat. Résultat : une production de logements en hausse de 10,8 % au premier semestre 2024, atteignant 114 000 unités.
Le secteur hydraulique ne manque pas non plus de ressources
Face aux défis liés à la sécheresse et au stress hydrique, le Programme National d’Approvisionnement en Eau Potable et d’Irrigation (PNAEPI) 2020-2027 représente une opportunité importante pour le secteur du BTP. Ce plan inclut la construction de 20 nouveaux barrages, la modernisation des infrastructures existantes et le développement de stations de dessalement. L’objectif est de renforcer la sécurité hydrique du pays tout en créant de nouvelles opportunités pour les entreprises du BTP spécialisées dans l’ingénierie civile et les travaux publics.
Des milliers d’emplois à la clé et du béton pour l’économie
Avec tous ces projets, le secteur du BTP va embaucher. Les investissements dans le BTP devraient générer environ 250 000 emplois temporaires pendant la phase de construction des infrastructures, et 100 000 emplois permanents dans les secteurs connexes, notamment le tourisme, l’hôtellerie et les transports. L’augmentation du taux d’occupation hôtelier, avec la création de 40 000 nouvelles chambres, devrait générer des recettes supplémentaires estimées à 20 milliards de dirhams.
Les perspectives de croissance du secteur du BTP au Maroc sont ainsi fortement soutenues par ces projets structurants. Avec un engagement financier sans précédent, le Royaume entend moderniser ses infrastructures et renforcer sa compétitivité économique à l’horizon 2030.
Mohamed MOUNADI