C’est un signal fort pour la finance marocaine, mais aussi un rappel des défis à relever. Casablanca Finance City (CFC) conserve, dans la dernière édition du Global Financial Centres Index (GFCI), la première place continentale en matière de compétitivité financière. Publié le 20 mars 2025 par le think tank londonien Z/Yen Group, en partenariat avec le China Development Institute, le classement positionne CFC au 56e rang mondial, soit un gain d’une place par rapport à l’édition précédente.
Si ce bond symbolique traduit une progression régulière, aucune place africaine ne parvient encore à intégrer le Top 50, toujours dominé par les mastodontes occidentaux et asiatiques, comme New York, Londres ou Hong Kong.
Avec cette 37e édition du GFCI, sept centres financiers africains figurent au classement sur les 119 répertoriés dans le monde. En Afrique, Casablanca devance Port-Louis (Maurice, 58e mondial) et Kigali (Rwanda, 72e), tandis que Le Cap, Johannesburg, Nairobi et Lagos complètent le peloton. Trois d’entre eux — Casablanca, Maurice et Nairobi — enregistrent une progression, tandis que les autres reculent ou stagnent.
CFC confirme également sa troisième position dans la région Afrique & Moyen-Orient, derrière les centres financiers très établis de Dubaï et Abu Dhabi, deux vitrines de la finance mondiale émiratie.
Lancée avec l’ambition de faire du Maroc une porte d’entrée économique vers l’Afrique, Casablanca Finance City continue d’attirer. Aujourd’hui, plus de 200 entreprises — multinationales, institutions financières, cabinets de conseil, fintechs ou holdings — y sont installées. Cette plateforme cherche à combiner stabilité macroéconomique, fiscalité avantageuse et position géographique stratégique, au service d’un continent en pleine mutation.
Mais malgré ces atouts, CFC reste encore hors du cercle fermé des grandes capitales financières mondiales. Le classement GFCI repose sur deux types de données : une base quantitative (140 indicateurs issus de sources comme la Banque mondiale, l’ONU, l’OCDE, etc.), et une enquête qualitative menée auprès de près de 5 000 professionnels de la finance, répartis dans le monde entier.
Si Casablanca tire son épingle du jeu au niveau régional, l’environnement global reste très concurrentiel. New York, Londres, Singapour ou encore San Francisco monopolisent les premières places grâce à des écosystèmes plus matures, une profondeur de marché incomparable et une capacité à attirer massivement les talents et les capitaux.
Le Maroc, malgré ses avancées, doit encore renforcer l’attractivité de son capital humain, moderniser ses infrastructures financières et asseoir sa réputation à l’international, s’il veut faire jeu égal avec les grandes places mondiales.
La progression de Casablanca Finance City dans le GFCI est à saluer. Elle provient d’une dynamique réelle, portée par une vision stratégique et une stabilité politique enviée sur le continent. Mais à l’heure où la compétition mondiale s’intensifie, le Maroc doit passer à la vitesse supérieure.
L’enjeu est de taille puisqu’il s’agit de faire de CFC non seulement un hub africain, mais un véritable acteur de la finance mondiale. Pour cela, le prochain palier sera symbolique : intégrer le Top 50 mondial. Un cap ambitieux, mais atteignable, à condition d’intensifier les réformes et de continuer à parier sur l’intelligence, l’ouverture et l’innovation.