Au Maroc, l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) poursuit un travail de fond dans l’amélioration variétale des cultures stratégiques, en phase avec les objectifs de souveraineté alimentaire et de résilience agricole portés par la stratégie Génération Green 2020-2030. En s’appuyant sur un réseau de plateformes expérimentales réparties dans les principales zones agroécologiques du pays, l’INRA déploie une approche ciblée pour répondre aux enjeux spécifiques de chaque territoire.
Dans la région de Sefrou, sur le Domaine Expérimental d’Annoceur, les équipes de l’Institut ont développé 54 nouvelles variétés de céréales et de légumineuses alimentaires. Trente-cinq concernent les céréales, notamment le blé dur, le blé tendre, l’orge et l’avoine, tandis que dix-neuf autres s’inscrivent dans les légumineuses, incluant la fève, le pois chiche et la lentille. Cette dynamique d’innovation repose sur une sélection rigoureuse, tenant compte des conditions agroclimatiques locales, des exigences en rendement et de la tolérance aux contraintes biotiques et abiotiques.
Particulièrement adaptée aux zones de montagne, la plateforme d’Annoceur met en lumière la culture de l’orge, reconnue pour sa tolérance au froid et sa polyvalence. L’INRA y a développé les premières variétés marocaines d’orge à grains nus, comme Assiya et Chifaa. Ces obtentions allient rendement élevé, robustesse face aux maladies, et, pour Chifaa, une forte valeur nutritionnelle grâce à sa richesse en fibres solubles et en bêta-glucanes, contribuant à une alimentation plus équilibrée.
Le travail de création ne s’arrête pas à la performance agronomique. L’Institut mise également sur des variétés à vocation fourragère, comme Khnata et Ksaiba, pensées pour les besoins des systèmes d’élevage en zone montagneuse. La sélection s’oriente vers une agriculture plus durable, capable de maintenir la productivité dans des contextes climatiques incertains.
La stratégie de l’INRA repose sur un transfert actif des technologies vers les utilisateurs finaux. Grâce aux plateformes de démonstration, les agriculteurs peuvent observer concrètement le comportement des variétés dans des conditions similaires aux leurs. Mais au-delà de la recherche, l’enjeu reste la diffusion rapide et à grande échelle des variétés, condition indispensable pour qu’elles puissent réellement transformer les systèmes de production.
Ce travail, à la croisée de la science, de l’adaptation locale et de la formation, illustre la volonté marocaine de placer l’innovation agronomique au service de la sécurité alimentaire, en misant sur une agriculture plus résiliente, plus performante et en phase avec les réalités de terrain.
