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samedi 15 mars 2025

Crédit bancaire au Maroc : un moteur de croissance sous tension

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Le secteur bancaire marocain a connu une ascension fulgurante ces vingt dernières années. À fin 2024, les prêts bancaires totalisaient 1166,3 milliards de dirhams, soit 76 % du PIB, qui s’est lui-même hissé près des 1500 milliards de dirhams. Cette explosion du crédit a accompagné le développement économique du pays, mais elle soulève aujourd’hui des questions brûlantes : jusqu’où l’endettement des ménages peut-il aller ? Le modèle actuel est-il encore viable dans un contexte d’inflation et de hausse des taux ?

L’équation devient complexe. 367,4 milliards de dirhams de dettes pèsent sur les ménages marocains. Une large majorité concerne des prêts immobiliers (67,54 %), véritable moteur de l’accession à la propriété. Viennent ensuite les crédits à la consommation (15,93 %) et les facilités de trésorerie (5,7 %), ces dernières étant particulièrement préoccupantes. Leur fonctionnement, basé sur un découvert quasi systématique, crée un piège : chaque mois commence dans le rouge, alimentant un cycle infernal de dépendance bancaire.

Le crédit immobilier, lui, a littéralement explosé. Multiplié par huit depuis 2000, il a atteint 248,2 milliards de dirhams en 2024. L’attrait pour la propriété, combiné aux politiques incitatives, a dopé le marché. Mais avec l’inflation et la flambée des prix, une question émerge : une bulle immobilière est-elle en train de se former ? Les prochains mois seront décisifs pour éviter une crise de surchauffe.

Côté consommation, la dette atteint 58,5 milliards de dirhams. Entre échéances hypothécaires, achats de biens et imprévus, les ménages jonglent avec des budgets sous tension. En septembre 2024, les prêts non performants avaient d’ailleurs atteint 40,67 milliards de dirhams, un record historique, avant de reculer légèrement à 39,79 milliards en décembre. Ce signal d’alerte souligne l’urgence d’un encadrement plus strict pour éviter des défauts de paiement en cascade.

Les banques doivent désormais revoir leur copie. Une des solutions pourrait être la conversion des facilités de trésorerie en prêts à la consommation classiques, avec des mensualités plus souples. Cette réforme éviterait aux ménages de sombrer dans un endettement chronique. Mais la question de fond demeure : comment garantir un accès fluide au crédit sans fragiliser encore plus l’équilibre financier des ménages ? L’avenir du secteur bancaire marocain dépendra de sa capacité à répondre à ce défi.

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L'invité du Nouvelliste Maroc

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