Alors que le Maroc accélère sa transition numérique, les menaces cyber deviennent de plus en plus pressantes. C’est l’un des constats clés dressés par l’entreprise de cybersécurité Kaspersky à l’occasion du salon GITEX Africa Morocco, tenu à Marrakech. Selon les données recueillies via le Kaspersky Security Network, le Royaume figure désormais parmi les pays africains les plus exposés aux attaques informatiques, aux côtés du Kenya, du Nigéria et de l’Afrique du Sud.
En 2024, plus de 12,6 millions de menaces web ont été détectées au Maroc, traduisant une progression notable des attaques par rapport à l’année précédente. Ce chiffre place le pays au troisième rang continental en termes de tentatives d’intrusion via Internet, juste derrière le Kenya (20 millions) et l’Afrique du Sud (17 millions). Il s’agit principalement de tentatives de redirection vers des sites malveillants, de téléchargements frauduleux ou d’exploits de failles non corrigées dans les navigateurs et systèmes d’exploitation.
Mais ce ne sont pas uniquement les attaques en ligne qui inquiètent. Le rapport met également en lumière une augmentation des menaces locales, celles qui s’exécutent directement sur les appareils, souvent via des supports amovibles ou des fichiers piégés. Le Maroc, aux côtés du Sénégal et de l’Éthiopie, enregistre une forte hausse de ces infections locales.
Autre signal d’alerte : le nombre croissant d’attaques visant à voler les données personnelles. Les spyware – logiciels espions conçus pour surveiller l’activité des utilisateurs – ont augmenté de 14 % sur l’ensemble du continent. Quant aux « password stealers », des programmes spécialisés dans le vol de mots de passe, leur fréquence a bondi de 26 %, avec le Maroc parmi les pays les plus touchés.
Pour les experts de Kaspersky, cette situation est le reflet d’un écosystème numérique en pleine expansion mais encore vulnérable. La digitalisation rapide des entreprises, couplée à l’usage massif de services financiers numériques par la population, crée un terrain fertile pour les cybercriminels. L’analphabétisme numérique, la méconnaissance des bonnes pratiques et le manque d’investissements dans la cybersécurité renforcent cette exposition.
Face à cette réalité, Kaspersky appelle à un renforcement urgent des dispositifs de protection, aussi bien pour les particuliers que pour les entreprises. Parmi les recommandations prioritaires : mettre à jour systématiquement ses logiciels, adopter des mots de passe complexes, activer la double authentification et utiliser des solutions de sécurité adaptées. Côté entreprises, l’éditeur recommande notamment l’usage de plateformes comme Kaspersky NEXT EDR Expert, capables de détecter rapidement les menaces complexes sur l’ensemble des terminaux.
Alors que le Maroc se positionne comme un hub technologique en Afrique, la cybersécurité apparaît plus que jamais comme un pilier stratégique. Pour que cette ambition se concrétise, la vigilance numérique devra impérativement aller de pair avec l’innovation.