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mardi 4 novembre 2025

Délai de paiement des entreprises publiques : 34,5 jours déclarés, mais plus en réalité

À fin septembre 2025, les établissements et entreprises publics marocains affichent un délai moyen de paiement de 34,5 jours. Le chiffre a été relayé par la Direction des entreprises publiques et de la privatisation (DEPP), dans le cadre d’une série de publications régulières amorcée depuis octobre 2019. Le dispositif permet, à intervalles trimestriels, de mesurer les progrès accomplis en matière de respect des délais légaux, mais aussi de mettre en lumière les retards persistants. Dans un tissu économique où la commande publique joue un rôle déterminant pour la trésorerie de nombreuses entreprises, en particulier les PME, ces indicateurs prennent un relief tout particulier.

Dans la pratique, de nombreuses entreprises, notamment les petites et moyennes structures, continuent de faire face à des retards importants dans le traitement et le règlement de leurs factures. Si le chiffre de 34,5 jours correspond aux délais déclarés par les entités elles-mêmes, il ne reflète pas nécessairement les situations concrètes sur le terrain, où les paiements peuvent prendre deux, parfois trois mois, voire davantage.

Si certaines entités publiques respectent les délais, d’autres accusent des retards chroniques, liés à des lenteurs administratives, à des circuits de validation rigides, ou à des arbitrages budgétaires décalés. Malgré cela, si l’on compare les données déclarées à celles observées dans d’autres pays, le Maroc reste dans une zone relativement favorable. Dans plusieurs États européens, les retards dans les paiements publics dépassent régulièrement les 60 jours. Dans nombre de pays africains, les arriérés de paiement constituent même un problème structurel.

Mais pour les fournisseurs marocains, cette comparaison a peu de poids face aux difficultés concrètes rencontrées. « Une entreprise ne peut pas se contenter d’un bon classement relatif si ses propres règlements sont différés de plusieurs semaines », nous dit un chef d’entreprise. « Le décalage entre le chiffre officiel et le délai effectif crée une incertitude néfaste, qui pèse sur la trésorerie, la gestion des ressources humaines, la capacité à investir ou à honorer ses propres créances. »

À cela s’ajoute un enjeu de transparence. La publication des délais moyens reste utile, mais elle gagnerait en pertinence si elle s’accompagnait d’indicateurs plus détaillés, permettant d’identifier les entités qui respectent leurs engagements et celles qui peinent à le faire. C’est aussi une condition pour crédibiliser le dispositif dans son ensemble.

Réduire durablement les délais de paiement (réels, pas seulement déclarés) suppose une transformation des pratiques, une modernisation des processus, et une culture de redevabilité plus affirmée. Car au-delà des chiffres, ce sont les équilibres de toute une partie du tissu économique qui sont en jeu.

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L'invité du Nouvelliste Maroc

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