17 C
Casablanca
vendredi 5 décembre 2025

Dette extérieure : le Maroc a remboursé 7 Mds $ en 2024

En 2024, le Maroc a franchi un seuil inédit dans le remboursement de sa dette extérieure. Le montant total du service — capital et intérêts compris — a dépassé les 7 milliards de dollars, un niveau record qui souligne la pression croissante exercée sur les finances publiques. Ce pic intervient alors que le coût de l’endettement s’alourdit à l’échelle mondiale, dans un contexte où les pays en développement subissent leur crise de dette la plus grave depuis un demi-siècle, selon la Banque mondiale.

Ce fardeau représente désormais 13 % des recettes d’exportation du Royaume. Autrement dit, pour chaque tranche de 100 dirhams issus du commerce extérieur, 13 sont directement affectés au remboursement des créanciers internationaux. Le service de la dette extérieure absorbe également 6 % du revenu national brut, soulignant le poids structurel de cette charge sur l’économie.

En détail, le stock de la dette extérieure du Maroc a atteint 67,99 milliards de dollars, un niveau proche de son record historique. Sur ce total, 57,2 milliards concernent la dette à long terme, dont près de 80 % sont garantis par le secteur public. En 2024, 5,22 milliards de dollars ont été versés pour le remboursement du principal et 1,79 milliard pour les intérêts.

Dans le même temps, les nouveaux emprunts n’ont pas ralenti. Le Maroc a contracté 8,61 milliards de dollars en nouveaux financements à long terme, essentiellement auprès de créanciers multilatéraux et privés. Si cette dynamique permet de refinancer partiellement les échéances, elle ne fait qu’accroître l’exposition du pays à un environnement de taux défavorable : les emprunts contractés en 2024 l’ont été à des niveaux inédits depuis plus de vingt ans.

La Banque mondiale reste le premier bailleur de fonds du Royaume. Elle détient 21 % de la dette extérieure publique, devant la Banque africaine de développement (10 %). Les créanciers bilatéraux pèsent 15 %, dominés par l’Allemagne, la France et le Japon. Les obligations et les prêts commerciaux représentent, eux, 36 % de l’encours.

La dette à court terme, elle, s’établit à 7,5 milliards de dollars, en net recul par rapport aux 10,1 milliards enregistrés en 2023. L’utilisation des crédits du FMI et des droits de tirage spéciaux a également diminué.

Mais le rapport de la Banque mondiale met en garde contre une nouvelle tentation : celle de basculer vers des emprunts domestiques massifs. Si les marchés locaux offrent un accès plus direct au crédit, cette stratégie comporte ses propres risques : concurrence avec le secteur privé, raccourcissement des maturités et coûts de refinancement accrus. Autant d’éléments qui imposent, plus que jamais, une gestion fine et prudente de l’endettement.

spot_imgspot_img
- Advertisement -

L'invité du Nouvelliste Maroc

spot_img
spot_img