L’élection de Mahamoud Ali Youssouf à la présidence de la Commission de l’Union africaine (UA) représente une avancée pour le Maroc. Elle démontre que Rabat dispose aujourd’hui d’un réseau diplomatique solide.
Ministre des Affaires étrangères de Djibouti depuis 2005, Youssouf a remporté la présidence de la Commission face au Kényan Raila Odinga, soutenu par l’Algérie et l’Afrique du Sud. L’élection de Youssouf a vu s’opposer deux blocs distincts : d’un côté, le Maroc et ses alliés, et de l’autre, l’Algérie et l’Afrique du Sud, qui ont soutenu Raila Odinga. Une division qui reflète une lutte d’influence plus large au sein de l’UA. Toujours est-il que l’élection de Youssouf représente incontestablement une cuisante défaite pour le bloc algéro-kényan.
Il faut dire que depuis son retour au sein de l’organisation panafricaine, le Maroc n’a pas cessé de consolider ses alliances stratégiques, en particulier avec des pays de l’Afrique de l’Ouest et de l’Est, dont Djibouti. L’issue du vote démontre à quel point le Maroc a su mobiliser un réseau diplomatique solide, capable de contrer l’influence de l’Algérie et de l’Afrique du Sud, qui continuent vainement à militer pour une reconnaissance du Polisario au sein de l’UA.
L’élection de Youssouf revêt une signification particulière pour le Maroc, qui a joué un rôle actif dans le processus de vote en sa faveur. Si cette victoire diplomatique pourrait offrir de nouvelles opportunités au Royaume, elle ne garantit pas pour autant un changement radical dans la gestion des dossiers sensibles, notamment celui du Sahara Marocain. La raison est que l’UA fonctionne sur la base de consensus et d’équilibres diplomatiques entre les États membres. Youssouf devra donc constamment maintenir une approche diplomatique capable de composer avec les tendances et orientations exprimées par l’ensemble des pays représentés au sein de l’Union.
Cependant et au-delà du dossier du Sahara Marocain, la présence d’un allié à la tête de la Commission de l’UA peut offrir au Maroc de meilleures marges de manœuvre pour promouvoir ses initiatives continentales, notamment en matière d’investissement, d’énergie et d’infrastructures. Le Royaume, qui mise sur des projets tels que la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) et l’intégration économique régionale, pourrait bénéficier d’un climat diplomatique beaucoup plus favorable à ses intérêts.
Sur un registre plus « micro », l’élection de Youssouf ouvre des perspectives de coopération renforcée entre le Maroc et Djibouti, notamment sur les plans économique et logistique. Djibouti, situé à un carrefour stratégique entre l’Afrique et le Moyen-Orient, pourrait devenir un partenaire clé pour le Maroc dans ses ambitions de développement commercial en Afrique de l’Est.