Le Maroc a renoué avec les importations d’électricité. Selon la dernière note de conjoncture de la Direction des études et des prévisions financières (DEPF), le volume d’énergie électrique importé a bondi de 14,4 % au mois de janvier 2025, rompant avec la tendance baissière observée l’an dernier (-21,8 %). Une hausse qui surprend, d’autant que la production nationale est, elle aussi, en nette progression (+6,7 %).
L’un des principaux moteurs de cette hausse des importations réside dans l’explosion de la demande locale. En janvier, la consommation d’électricité a enregistré un taux de croissance historique de +16,7 %, un niveau inédit depuis 28 ans. Cette hausse spectaculaire s’explique par la reprise soutenue de l’activité industrielle. En témoigne la flambée des ventes d’électricité à “très haute, haute et moyenne tension hors distributeurs”, en hausse de 55,3 %, destinées principalement au secteur manufacturier.
Face à ce boom, la production nationale – bien qu’en croissance – n’a pas suffi à couvrir la totalité des besoins. Le recours à l’électricité étrangère apparaît donc comme un levier d’ajustement rapide pour répondre à la demande.
Le Maroc reste interconnecté au réseau européen via l’Espagne, et peut ainsi ajuster ses approvisionnements selon les besoins ou les opportunités tarifaires. En contexte de forte consommation, l’importation permet d’éviter la tension sur le réseau national ou des ruptures d’approvisionnement.
Mais cette dépendance, même ponctuelle, interroge. D’autant plus que le royaume a massivement investi dans les énergies renouvelables pour gagner en souveraineté énergétique. Or, en janvier, la production issue des filières vertes encadrées par la loi 13-09 a reculé de 3,5 %, alors qu’elle progressait de plus de 31 % un an auparavant.
Autre indicateur révélateur : les exportations d’électricité ont chuté de 43,6 % sur la même période. Résultat, la balance commerciale du secteur se dégrade, alors que l’objectif affiché depuis plusieurs années est de faire du Maroc un hub énergétique régional, capable d’exporter vers l’Afrique et l’Europe.
Cette inversion ponctuelle du flux met en lumière un paradoxe : pour soutenir sa croissance intérieure, le pays freine ses exportations et augmente ses importations, au risque d’affaiblir sa position de producteur-exportateur.