Fès entame une nette refonte de sa politique de transport. Le conseil communal vient de valider la création d’une société de développement local (SDL) dédiée à la mobilité urbaine et interurbaine. Baptisée Fès Mobilité SA, cette structure sera dotée d’un capital initial de 5 millions de dirhams et pilotera un ambitieux programme d’investissement de 566 millions de dirhams sur la période 2025-2035.
Portée à près de 90 % par la commune de Fès, la future société comptera également parmi ses actionnaires la wilaya de Fès-Meknès ainsi que les communes de Mechouar Fès, Ouled Tayeb, Sidi Harzem et Ain Baida. L’objectif affiché est de répondre aux défis croissants d’une agglomération de plus de 1,25 million d’habitants, dont la population, en forte progression, devrait approcher les 1,37 million d’ici 2030.
Le diagnostic est sans appel. Avec seulement 100 bus en circulation, l’offre actuelle est jugée très insuffisante. Le système de transport public ne parvient plus à absorber la demande, en constante augmentation. La création de la SDL doit permettre d’inverser la tendance, avec une série de projets structurants déjà identifiés.
Parmi eux, l’acquisition de 250 nouveaux bus représente l’investissement le plus important, chiffré à 300 millions de dirhams. À cela s’ajoutent la mise en place d’un système de billettique, la construction d’un centre de maintenance, ainsi que le développement de deux lignes de bus à haut niveau de service. L’ensemble de ces équipements doit permettre une montée en gamme du réseau et un élargissement significatif de sa capacité.
Ces projets bénéficieront d’un soutien de l’État via le Fonds d’accompagnement des réformes du transport (FART), dans le cadre du nouveau modèle national de mobilité. La ville espère ainsi capter une part importante des déplacements quotidiens aujourd’hui assurés par les véhicules privés ou les taxis.
À l’horizon 2035, la SDL table sur plus de 113 millions de voyages par an, contre un peu plus de 82 millions prévus en 2025. Le tarif moyen resterait fixé à 4 dirhams par trajet. Sur dix ans, les recettes sont estimées à 96 millions de dirhams, principalement générées par le suivi des opérateurs et les subventions communales. Les charges d’exploitation, concentrées aux trois quarts sur les salaires, devraient s’élever à 41,6 millions de dirhams.
L’étude de faisabilité souligne un taux de couverture des charges supérieur à 200 %, gage d’un équilibre financier durable. À l’horizon 2034, la trésorerie nette pourrait dépasser les 86 millions de dirhams.
Cette transformation s’inscrit dans une dynamique plus large de modernisation des transports urbains au Maroc. Pour Fès, elle revêt aussi un enjeu stratégique à l’approche de la Coupe d’Afrique des Nations 2025 et de la Coupe du monde 2030, qui imposent des infrastructures à la hauteur des exigences internationales.