Sous les palmiers centenaires du jardin Jnan Sbil, la voix du Malhoun a résonné jeudi soir, portée par l’Association Abdelkrim Kannon à l’occasion de la troisième nuit soufie du Festival de Fès des Musiques Sacrées du Monde.
Le public, venu nombreux, a été plongé dans une parenthèse poétique et spirituelle. Pendant plus d’une heure, les qasidas ont évoqué l’amour mystique, la quête intérieure et la beauté du verbe. Sur scène, les instruments traditionnels – bendir, qanoun, oud – ont tissé une trame sonore sobre et profonde, laissant toute sa place à la puissance du texte chanté.
Parmi les pièces interprétées, plusieurs classiques du répertoire malhoun ont ému les spectateurs : At-Tawassoul, Allahumma Salli ‘Ala An-Nabi Bilqassam, ou encore Anta Al-Aziz Ya Mohammed. Leurs mots, portés par la voix du mounchid Saïd Kannon, ont trouvé un écho immédiat dans l’assemblée, qui a répondu avec ferveur.
Cette soirée a révélé toute la richesse du Malhoun, poésie chantée longtemps transmise de bouche à oreille, désormais inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO. Au-delà des mots, ce sont des siècles de mémoire populaire, de sagesse soufie et de sensibilité esthétique qui ont affleuré.
Ce concert s’inscrivait dans une programmation qui réunit plus de 200 artistes de 15 pays, à l’initiative du Festival de Fès, organisé sous le Haut Patronage du roi Mohammed VI. Fidèle à l’esprit d’ouverture de la ville, l’événement met en dialogue traditions musicales, religions et cultures, sur le thème cette année des « Renaissances ».
