Essaouira accueillera les 20 et 21 juin prochains la 12e édition du Forum des droits humains, organisé en marge du Festival Gnaoua et Musiques du Monde. Le thème retenu, « Mobilités humaines et dynamiques culturelles », rassemblera chercheurs, penseurs et artistes venus de divers horizons pour deux journées d’échanges intenses.
Initiée en partenariat avec le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger, cette rencontre est devenue au fil des années une tribune incontournable pour croiser réflexions critiques, expressions artistiques et combats sociétaux. Dans un climat global marqué par les replis identitaires, le Forum s’emploie à faire émerger des récits alternatifs, en prise directe avec les réalités migratoires et leurs échos culturels.
Le sociologue belge Andrea Rea ouvrira les débats avec une intervention sur les nouvelles configurations de la mobilité. L’historien Pascal Blanchard s’intéressera aux représentations sociales des migrations, tandis que les politologues Fatima Zibouh et Dana Diminescu décrypteront les tensions entre politiques publiques et imaginaires collectifs. L’anthropologue Francesco Vacchiano proposera quant à lui une lecture des subjectivités migrantes face aux régimes d’asile.
Le Forum fera aussi la part belle à la création artistique. Les cinéastes Faouzi Bensaïdi et Elia Suleiman livreront leur vision de l’exil comme matière de cinéma. L’écrivaine Véronique Tadjo, l’artiste Barthélémy Toguo, les historiens Nicolas Bancel et Yvan Gastaut, ainsi que le documentariste Kamal Redouani, viendront enrichir ces dialogues.
Les voix de la littérature contemporaine auront aussi leur place, avec la présence d’Elgas, Rim Najmi, Taha Adnan et Abdelkader Benali. Leurs récits et poèmes dessineront une cartographie sensible des diasporas, entre mémoire et engagement.
Des acteurs de terrain viendront ancrer les échanges dans le réel, à l’image de Kassie Freeman, spécialiste des politiques éducatives afro-descendantes. Ensemble, ils interrogeront les mécanismes de transmission culturelle, les récits dominants et les formes de résistance symbolique.
Pour Neila Tazi, productrice du Festival, ce Forum incarne l’esprit même de l’événement, prolongeant dans la pensée ce que la musique transmet par les corps et les rythmes. Le président du CCME, Driss El Yazami, y voit un espace de visibilité pour ces mémoires en mouvement, face aux discours de fermeture.
À Essaouira, pendant deux jours, la migration ne sera ni chiffre ni abstraction. Elle sera vécue, contée, partagée. À travers les mots, les sons et les images, les frontières s’effacent pour laisser place à des solidarités réinventées.