Kid Cudi a fait décoller l’OLM Souissi. Lundi soir, le rappeur américain s’est emparé de la scène du festival Mawazine pour un set à la fois introspectif et magnétique. À l’image de son surnom, « l’homme sur la Lune », c’est une traversée émotionnelle qu’il a proposée, oscillant entre vertige intérieur et pulsations stellaires.
Sans mise en scène tapageuse, ni effets excessifs, l’artiste a choisi la retenue. Des jeux de lumière évocateurs, quelques projections astrales, et lui, seul au centre, comme un narrateur perdu dans son propre espace-temps. Dès les premières notes, il a plongé le public dans un univers éthéré, où les textures électroniques côtoient la mélancolie brute. Murmures, cris sourds, silences tendus : chaque morceau devenait une confession portée par une voix éraillée, intensément humaine.
« Pursuit of Happiness », « Day ’n’ Nite », « Mr. Rager »… Les classiques ont résonné comme des appels à la rédemption. Les morceaux récents, issus d’Entergalactic, se sont fondus dans cette trame sensible. À plusieurs reprises, Cudi s’est adressé au public, visiblement touché par l’accueil. Il a salué la magie de sa première venue au Maroc, avant de dédier une chanson à celles et ceux qui « luttent contre leurs démons ».
Le final, emporté par un Ghost! en rappel, a fait chavirer l’esplanade dans une sorte de communion suspendue. La foule, immobile par instants, puis déchaînée, a suivi chaque pulsation comme une respiration collective.
Au-delà de la performance elle-même, la présence de Kid Cudi à Rabat marque une ouverture assumée du festival vers les marges créatives du hip-hop. En accueillant l’un des artistes les plus singuliers de sa génération, Mawazine démontre sa capacité à fédérer un public large sans renoncer à l’exigence.
Sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le festival s’impose chaque année comme un événement mondial. Avec des millions de festivaliers au fil des éditions, il confirme son rang parmi les plus grands rendez-vous culturels de la planète. Le passage de Kid Cudi restera, à n’en pas douter, comme l’un des temps forts de cette 20ᵉ édition.
