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jeudi 30 octobre 2025

La Bourse de Casablanca veut sa révolution ETF

Dans un marché financier marocain en quête de souffle nouveau, l’introduction prochaine des ETFs pourrait bien marquer un tournant décisif. Longtemps attendus par les professionnels de la place, ces instruments d’investissement cotés, connus pour leur accessibilité et leur efficacité, arrivent enfin dans les radars de la Bourse de Casablanca, avec des ambitions claires : attirer un nouveau profil d’investisseurs, stimuler la liquidité et diversifier l’offre locale.

L’annonce n’a rien d’anodin. Les fonds négociés en bourse, aussi appelés OPCVM indiciels cotés, connaissent depuis plusieurs années un essor fulgurant à l’échelle mondiale. En 2024, leurs encours ont progressé de 27 % pour atteindre 14 600 milliards de dollars. Le phénomène n’est plus marginal, il s’impose comme une tendance lourde du marché global, portée à la fois par les particuliers, les institutionnels et les grands fonds. Pour Casablanca, qui peine à élargir sa base d’investisseurs domestiques et à attirer davantage de flux étrangers, l’opportunité est stratégique.

L’enjeu est double. D’un côté, les ETFs permettent une exposition simple, instantanée et peu coûteuse à un panier d’actions, souvent calé sur un indice. De l’autre, ils injectent mécaniquement plus de volume sur le marché, en introduisant des titres liquides qui se négocient en continu comme n’importe quelle action. L’effet sur la liquidité pourrait donc être significatif, surtout dans un contexte où la profondeur du marché reste limitée et concentrée sur quelques grandes capitalisations.

Pour les investisseurs individuels marocains, souvent tenus à l’écart d’une bourse jugée complexe ou peu transparente, ces produits offrent une porte d’entrée lisible, diversifiée et moins risquée. Ils s’affranchissent des contraintes classiques liées à la sélection de valeurs, aux frais élevés ou à l’exposition à un titre unique. Ce changement de paradigme pourrait favoriser une démocratisation de l’investissement boursier, à condition que l’éducation financière suive.

Mais l’impact ne se limite pas aux frontières du Royaume. La réglementation actuelle permet aux fonds libellés en devises d’investir intégralement à l’étranger les montants souscrits par des clients disposant de comptes en devises ou par des investisseurs non-résidents. Une telle configuration positionne Casablanca comme un futur point d’ancrage vers l’Afrique, capable de structurer une offre d’investissement régionale adossée à une expertise locale. Les ETFs en devises pourraient ainsi séduire un public étranger en quête d’exposition ciblée sur les marchés africains, tout en renforçant la stature internationale de la place casablancaise.

Encore faut-il que les conditions soient réunies. L’écosystème marocain doit intégrer les mécanismes techniques propres aux ETFs, comme la création et la rédemption de parts, la présence d’intermédiaires spécialisés, ou encore la publication régulière d’informations sur la composition des fonds. Le rôle de l’AMMC, de la Bourse de Casablanca et des sociétés de gestion sera crucial pour poser les fondations d’un marché crédible, transparent et compétitif. Car un ETF n’a de valeur que s’il reflète fidèlement son indice, sans frais excessifs ni défaut de liquidité.

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