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La Dial-E de Neo Motors, modèle chinois rebadgé ?

La Dial-E de Neo Motors, modèle chinois rebadgé ?

Présentée comme une prouesse industrielle, la Neo Motors Dial-E devait incarner l’émergence d’un savoir-faire automobile local. Compacte, électrique et proposée à un prix censé être accessible, elle symbolisait l’ambition d’un pays désireux de produire sa propre voiture. Mais dès sa présentation, l’enthousiasme a laissé place au doute. Car à plusieurs milliers de kilomètres, en Chine, circule déjà un modèle quasi identique… et pour moitié moins cher !

Les ressemblances sont frappantes. De la silhouette générale aux phares, des jantes aux proportions, tout semble provenir du même moule. Seule la calandre diffère, avec une grille noire apposée par Neo Motors pour tenter de créer une signature visuelle. Pour le reste, chaque détail (portières, feux, châssis) évoque un véhicule chinois déjà bien connu sur le marché.

La comparaison technique renforce le malaise. Même autonomie d’environ 150 kilomètres, même vitesse maximale autour de 85 km/h, même architecture. En Chine, ce type de micro-citadine s’affiche entre 5 000 et 5 500 dollars. La Dial-E, elle, est proposée à près de 100 000 dirhams, un tarif qui double presque la mise. Les coûts d’importation, d’homologation et d’assemblage peuvent expliquer une partie de l’écart, mais une question demeure toutefois; s’agit-il d’un produit conçu ici, ou simplement monté sur place ?

Dans le secteur, cette pratique porte un nom, le “CKD”, pour Completely Knocked Down. Elle consiste à importer un véhicule en pièces détachées pour l’assembler localement. Une approche courante, souvent utilisée pour lancer une industrie. Mais quand elle est présentée comme une conception originale, la nuance entre communication et réalité s’efface.

Pour Neo Motors, cette controverse tombe mal. Car au-delà du modèle Dial-E, c’est la notion même de conception automobile locale qui se trouve mise à l’épreuve. Produire dans le pays, oui, mais produit-on réellement un véhicule conçu de bout en bout, ou seulement l’ombre d’un modèle venu d’ailleurs ?

La Dial-E reste néanmoins une avancée. Elle crée des emplois, fait vivre les ateliers d’Aïn El Aouda et affirme la place du pays sur la scène de la mobilité électrique. Mais elle met aussi en lumière un manque, celui d’une véritable capacité de conception et d’innovation. L’industrie automobile ne se résume pas à assembler, elle se bâtit sur l’ingénierie, la recherche et la création. Peut-être que cette petite voiture, malgré elle, vient rappeler que le vrai défi ne se joue pas dans les usines, mais dans les bureaux d’étude.

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