Le 26 septembre dernier, l’agence S&P Global Ratings a relevé la note souveraine du Maroc à BBB-/A3, assortie d’une perspective stable. Une décision qui marque le retour du Royaume dans la catégorie des pays dits Investment Grade, quatre ans après avoir été rétrogradé en pleine crise sanitaire. Pour BMCE Capital Global Research, cette annonce pourrait profondément modifier la configuration des marchés financiers marocains.
S&P fonde cette amélioration sur la solidité des fondamentaux macroéconomiques du pays, en dépit d’un environnement mondial encore instable. Le Maroc a su maintenir une trajectoire de croissance résiliente malgré les chocs extérieurs, comme la sécheresse, l’inflation, ou les tensions géopolitiques. L’agence met en avant la discipline budgétaire, avec un déficit public réduit à moins de 7 % du PIB, et un objectif de 3 % d’ici 2026. La dette du Trésor, maîtrisée, devrait repasser sous la barre des 60 % du PIB à l’horizon 2028. Bank Al-Maghrib est également saluée pour la rigueur de sa politique monétaire et son cadre crédible de lutte contre l’inflation.
Le Royaume devient ainsi le seul émetteur africain d’Eurobonds à bénéficier d’une note Investment Grade chez S&P, à contre-courant d’autres grandes économies émergentes comme l’Égypte, la Turquie ou l’Afrique du Sud, qui restent en catégorie spéculative.
Les effets ne se feront pas attendre sur le marché obligataire. À l’international, cette note accroît la visibilité du Maroc, en renforçant l’attractivité de sa dette souveraine grâce à une prime de rareté. En conséquence, les entreprises marocaines actives sur les marchés internationaux, telles que l’OCP, pourraient profiter d’un effet d’entraînement, réduisant ainsi leurs coûts de financement.
Sur le marché domestique, les analystes anticipent un aplatissement de la courbe des taux. Le recul de la perception du risque devrait inciter les investisseurs institutionnels à allonger leurs horizons de placement, allégeant les charges d’intérêt à moyen et long terme pour les finances publiques.
À la Bourse de Casablanca, le climat plus favorable pourrait encourager les flux étrangers. BMCE Capital estime que cette crédibilité retrouvée pourrait faire baisser la prime de risque sur les actions marocaines et soutenir une revalorisation des actifs cotés. Le Maroc deviendrait alors plus attrayant pour les investisseurs, à l’image de l’Indonésie en 2011, dont la Bourse avait progressé de 12 % en trois mois après un relèvement similaire.
Certains secteurs pourraient en profiter de manière plus immédiate. La banque, grâce à un meilleur accès à des lignes de crédit à des conditions avantageuses. Le BTP et les infrastructures, portés par les chantiers liés à la CAN 2025 et à la Coupe du monde 2030. L’automobile et l’énergie, enfin, bénéficieront de la demande internationale et des projets structurants comme le gazoduc Nigeria-Maroc.
Mais cette avancée n’est pas gravée dans le marbre. Sa durabilité dépendra de la capacité du Maroc à poursuivre ses réformes, à consolider sa stabilité macroéconomique, et à accélérer la modernisation de son marché financier. L’enjeu sera d’attirer davantage l’épargne nationale, de renforcer la profondeur du marché actions, et de fluidifier le financement des projets structurants.