Le système financier marocain continue de faire preuve de solidité malgré un contexte international marqué par des incertitudes grandissantes. Réunis à Rabat, les membres du Comité de Coordination et de Surveillance des Risques Systémiques (CCSRS) ont dressé un état des lieux plutôt rassurant, confirmant la résistance de l’économie nationale face aux chocs externes.
La croissance marocaine a su se maintenir à un niveau soutenu avec une progression de 3,8 % en 2024, un rythme qui devrait s’accélérer à 4,6 % en 2025 selon les projections de Bank Al-Maghrib. L’inflation, quant à elle, reste contenue, autour de 1,1 % pour l’année prochaine. Même si le déficit du compte courant devrait connaître un léger creusement, les réserves de change demeurent solides, garantissant plus de cinq mois d’importations.
Les finances publiques poursuivent leur redressement progressif. Le déficit budgétaire, en baisse continue depuis 2022, pourrait atteindre 3,4 % du PIB en 2026, confirmant une trajectoire de consolidation soutenue. La dette du Trésor suit la même tendance, amorçant un reflux attendu dans les années à venir.
Sur le front du crédit, les signaux sont positifs. Le financement de l’économie réelle connaît une embellie avec une croissance estimée à 6 % pour 2025-2026. Cette dynamique s’accompagne toutefois d’une légère augmentation des créances en souffrance, un phénomène que les banques semblent jusqu’ici maîtriser grâce à un taux de provisionnement stable et des fondamentaux solides. Les résultats du secteur bancaire confirment d’ailleurs sa bonne santé avec un bénéfice net en hausse de 24 %, soutenu par des activités de marché dynamiques.
Les autres piliers du système financier suivent cette trajectoire rassurante. Le marché des assurances conserve une croissance équilibrée, porté par un regain d’activité dans la branche vie. Le chiffre d’affaires du secteur atteint 58,8 milliards de dirhams et la rentabilité reste au rendez-vous. Les indicateurs de solvabilité se renforcent, tandis que les tests de résistance valident la résilience des compagnies face à d’éventuelles tensions économiques.
La Bourse de Casablanca poursuit également sur une tendance haussière marquée, avec un indice MASI en progression de 25 % depuis le début de l’année. Malgré une volatilité accrue liée aux turbulences internationales, la liquidité du marché s’améliore sensiblement.
Sur le marché obligataire, la détente des taux se poursuit tandis que l’encours des émissions publiques et privées reste sous contrôle. Les Organismes de Placement Collectif en Valeurs Mobilières (OPCVM) enregistrent, de leur côté, un regain d’intérêt notable, reflet d’une confiance renouvelée des investisseurs.
Les régimes de retraite, en revanche, demeurent un point de fragilité. Les déséquilibres structurels persistent, malgré les mesures récentes qui ont permis une légère amélioration des indicateurs financiers. Une réforme de fond reste indispensable pour garantir leur viabilité à long terme.
Dans ce contexte, le Comité a également salué les avancées en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, soulignant la nécessité de maintenir le cap en prévision des futures évaluations internationales.
Alors que l’économie mondiale reste traversée par des tensions multiples, le Maroc s’efforce de préserver la stabilité de son système financier. Un équilibre fragile qui repose autant sur la robustesse des institutions que sur l’adaptation constante aux évolutions de l’environnement global.