Une convention-cadre signée jeudi entre le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication et la Caisse de dépôt et de gestion (CDG) trace les contours d’une stratégie ambitieuse pour développer une filière nationale du jeu vidéo. Faire émerger un véritable secteur créatif, innovant, exportable et générateur d’emplois qualifiés.
Signée à Rabat par le ministre Mehdi Bensaïd et le directeur général de la CDG Khalid Safir, l’entente marque une nouvelle étape dans la politique culturelle du royaume, qui entend positionner le jeu vidéo comme moteur de croissance. Au cœur du dispositif : la création d’une plateforme nationale de gamification, un guichet destiné à soutenir la demande en solutions ludo-éducatives et applicatives conçues par des startups locales.
Cette plateforme ambitionne de structurer une chaîne de valeur complète – de la conception à la monétisation – tout en fluidifiant l’accès au marché des jeunes pousses. Le dispositif prévoit des mécanismes d’acquisition, de financement et de référencement pour favoriser l’émergence d’un tissu entrepreneurial compétitif sur le plan international.
Parmi les secteurs visés figurent l’éducation, la santé, la culture, l’emploi ou encore le tourisme. En ligne de mire : des usages transversaux du jeu vidéo comme outil pédagogique, culturel et économique. La plateforme entend par ailleurs soutenir la création de contenus à forte valeur ajoutée – propriétés intellectuelles locales, localisation, publishing – et accompagner l’émergence de profils spécialisés : game designers, artistes 2D/3D, animateurs, programmeurs, testeurs ou ingénieurs du son.
« Depuis 2021, nous travaillons à transformer ce potentiel en moteur de croissance », a déclaré Mehdi Bensaïd. « Nous sommes passés de deux à plus de quarante PME actives. L’accord signé aujourd’hui est une nouvelle pierre à l’édifice », a-t-il ajouté, estimant que la principale priorité réside dans l’insertion des jeunes talents dans une économie créative en plein essor.
Le ministre a fixé un cap clair : atteindre 1 % du marché mondial du jeu vidéo, aujourd’hui estimé à plus de 300 milliards de dollars, à l’horizon 2030.
L’accord engage également la CDG à mobiliser ses leviers d’investissement – capital-amorçage, co-investissement – ainsi que ses outils d’accompagnement – incubation, accélération, partenariats avec les écoles et les studios. Il s’agit, selon les signataires, de créer un véritable cercle vertueux entre formation, création de valeur et attractivité internationale.
Par cette alliance stratégique, l’État marocain et la CDG entendent jeter les bases d’un secteur culturel souverain, capable de catalyser l’innovation, la création d’emplois durables et la diversification de l’économie nationale.
