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vendredi 3 octobre 2025

Le Mondial 2030 pourrait-il créer une bulle fragile pour l’emploi au Maroc ?

À mesure que le Maroc intensifie ses préparatifs pour accueillir la Coupe du monde 2030, un rapport du Centre africain pour les études stratégiques et la numérisation alerte sur les risques d’un essor temporaire. Selon cette étude, près de 250 000 emplois devraient être créés dans le bâtiment et les travaux publics et environ 100 000 dans le tourisme et l’hôtellerie. Mais une grande partie de ces postes disparaîtrait dès la fin de l’événement, au risque de provoquer une flambée de chômage et d’alimenter des tensions sociales.

Le document identifie deux faiblesses structurelles. La première est liée à la dépendance du Maroc à l’égard de l’Europe, qui absorbe l’essentiel de ses exportations automobiles. La transition vers l’électrique, les taxes carbone et les politiques de relocalisation menacent directement l’emploi industriel. La seconde fragilité touche les centres d’appel, qui emploient près de 90 000 jeunes majoritairement tournés vers le marché français, mais qui seront fragilisés par une loi limitant les démarchages téléphoniques à partir de 2026. À cela s’ajoute le secteur touristique, dynamisé par l’effet Mondial, mais susceptible de connaître une baisse d’activité une fois la compétition achevée.

Les auteurs estiment que sans planification, ces dynamiques risquent de déboucher sur ce qu’ils qualifient de crise historique du marché du travail. Ils recommandent la création rapide d’un comité national chargé de réorienter les travailleurs vers des secteurs porteurs tels que la maintenance urbaine ou les infrastructures vertes. Le rapport suggère aussi de diversifier les marchés vers l’Afrique, le Moyen-Orient et les Amériques, et de mettre en place un fonds de reconversion pour les salariés des centres d’appel.

L’étude insiste également sur une modernisation du cadre législatif. Elle appelle à une réforme du code du travail pour intégrer la pluralité des formes d’emploi et garantir des droits sociaux transférables. La formation professionnelle devrait, selon ses auteurs, évoluer pour répondre aux besoins de l’économie numérique et verte, avec une généralisation de l’enseignement des compétences digitales et de la pensée critique dès le système scolaire.

À long terme, plusieurs pistes sont mises sur la table, allant de l’expérimentation d’un revenu de base ciblé à la réduction de la semaine de travail à quatre jours, en passant par la mise en place d’un système national d’apprentissage tout au long de la vie.

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