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mercredi 14 mai 2025

Maroc : la croissance attendue à 3,6 % en 2025 selon la Banque mondiale

Bonne nouvelle : l’économie marocaine devrait maintenir son cap. Selon les dernières prévisions de la Banque mondiale, présentées mercredi à Rabat, la croissance du Maroc devrait s’accélérer pour atteindre 3,6 % en 2025, avant de légèrement ralentir à 3,5 % en 2026. Des niveaux jugés « relativement robustes » par Javier Diaz Cassou, économiste senior principal à la Banque mondiale au Maroc, mais qui restent dans la lignée de l’avant-Covid.

Présentées lors d’une table ronde consacrée au nouveau Rapport de suivi de la situation économique au Maroc, ces perspectives s’inscrivent dans un contexte mondial instable, mais aussi dans une dynamique de reprise post-pandémie encore fragile.

Premier facteur de soutien à cette croissance : la relance du secteur agricole, grâce à des conditions climatiques plus favorables qu’en 2024. Le PIB agricole devrait ainsi progresser et se stabiliser autour de 2,6 % à moyen terme, selon le rapport.

À l’inverse, le PIB non agricole, moteur structurel de l’économie, devrait connaître une légère décélération en 2025. Rien d’inquiétant à ce stade : il s’agit d’un « effet de base » logique, après une année 2024 marquée par une forte reprise de certains secteurs. Les fondamentaux restent solides, mais le rythme sera un peu moins soutenu.

Côté prix, la Banque mondiale se veut rassurante. L’inflation, même en période de Ramadan où les pressions sur les prix sont traditionnellement plus marquées, devrait rester maîtrisée. Les dernières enquêtes de Bank Al-Maghrib confirment une stabilisation des anticipations et une bonne tenue de l’inflation sous-jacente.

Autre indicateur sous contrôle : le déficit du compte courant, qui pourrait certes se creuser légèrement sous l’effet de la reprise de la demande intérieure, mais sans dépasser les moyennes historiques. Quant au déficit budgétaire, il poursuit sa trajectoire descendante, amorcée ces dernières années, vers les niveaux d’avant la pandémie.

La Banque mondiale souligne également le rôle croissant du secteur public dans l’économie nationale, en ligne avec les orientations du Nouveau Modèle de Développement. Ce recentrage de l’État est perçu comme un levier de transformation structurelle, mais appelle à une gouvernance plus agile et une efficacité accrue.

La dette publique, quant à elle, devrait se stabiliser entre 67 % et 68 % du PIB, un niveau jugé soutenable dans le contexte actuel.

Derrière ces indicateurs globalement positifs, le rapport pointe un talon d’Achille majeur : le marché du travail. Bien que les zones urbaines aient créé 162 000 emplois en 2024, le rythme reste largement insuffisant pour absorber l’augmentation de la population active.

Le constat est brutal : en dix ans, la population en âge de travailler a progressé de plus de 10 %, mais l’emploi n’a crû que de 1,5 %. Une situation qui alimente une certaine défiance sociale, accentuée par les effets du choc inflationniste récent sur le pouvoir d’achat des ménages.

Face à cette réalité, la Banque mondiale plaide pour une accélération des réformes. Améliorer le climat des affaires, simplifier les procédures, renforcer la compétitivité et promouvoir un marché du travail plus inclusif sont autant de leviers que le Maroc peut activer pour libérer son potentiel.

Le rapport se veut donc à la fois lucide et optimiste : « Avec des réformes stratégiques et un engagement fort en faveur de la modernisation, le Maroc dispose d’un potentiel considérable », conclut Javier Diaz Cassou.

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