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mardi 9 décembre 2025

Médicaments : baisse des droits de douane sur 112 produits dès 2026

Le Maroc amorce un virage décisif dans sa politique du médicament. Dès 2026, les droits de douane appliqués à 112 produits pharmaceutiques seront drastiquement réduits, passant de 30 % à 2,5 %. Une baisse sans précédent, annoncée par Fouzi Lekjaa lors de la présentation du projet de loi de finances et du rapport de performance du ministère de la Santé.

Derrière cette réforme, plusieurs objectifs s’entrecroisent. Le premier est économique : alléger le coût des traitements pour les patients. Le second est structurel : soutenir l’équilibre du système de couverture médicale, dont une part importante est absorbée par les dépenses liées aux médicaments. Le troisième, plus stratégique, vise à sécuriser l’approvisionnement du pays et à poser les fondations d’une véritable souveraineté sanitaire.

Selon le ministre délégué chargé du Budget, la mesure ne répond pas à une logique de recettes. Les taxes douanières sur les médicaments représentent une part négligeable des ressources fiscales. L’enjeu est ailleurs : garantir un accès élargi à des traitements essentiels, tout en veillant à la compétitivité de l’industrie pharmaceutique locale.

En tout, 308 dénominations communes internationales (DCI) ont été réévaluées dans le cadre de cette réforme. Parmi elles, 112 connaîtront une baisse majeure, 10 bénéficieront d’ajustements partiels, tandis que 34 verront leurs droits relevés, afin de préserver la production nationale face aux importations à bas coût.

Ce nouveau dispositif s’inscrit dans la continuité de la restructuration du chapitre 30 de la nomenclature douanière, amorcée en 2023. Celle-ci avait introduit trois niveaux de taxation : 2,5 % pour les médicaments non produits localement, 30 % pour ceux fabriqués au Maroc, et une fourchette de 10 à 17,5 % pour les produits mixtes.

Le gouvernement entend élargir la liste des produits concernés par des baisses tarifaires, en priorité ceux dont la consommation progresse rapidement ou dont la fabrication locale reste inexistante. Dans le même temps, une surveillance accrue sera imposée aux circuits de distribution, afin que les réductions douanières se traduisent réellement dans les prix à la pharmacie.

L’Agence marocaine du médicament et des produits de santé disposera d’une période d’adaptation pour encadrer ce changement, en lien avec les industriels, les importateurs et les professionnels de santé.

Cette réforme s’inscrit dans une stratégie plus large visant à renforcer la place du médicament dans le modèle de développement sanitaire du pays. Le gouvernement souhaite favoriser la production nationale, développer le recours aux génériques, réduire la dépendance aux importations, et encourager l’innovation locale.

Pour Fouzi Lekjaa, il ne s’agit pas d’un simple ajustement fiscal, mais d’un choix stratégique structurant. Le Maroc cherche à faire de l’accès au médicament un levier de justice sociale et un pilier de sa souveraineté.

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