Fitch Ratings maintient la note de crédit long terme de l’OCP à « BB+ », assortie d’une perspective stable. Une décision qui traduit la solidité du groupe malgré les limites imposées par sa structure actionnariale. Le profil financier de l’entreprise, intrinsèquement noté « bbb- », demeure en effet plafonné par la notation souveraine du Maroc, dont l’État détient 94 % du capital.
L’agence salue un modèle opérationnel robuste, marqué par des marges élevées, une capacité de production en pleine expansion et une stratégie d’investissement ambitieuse mais encadrée. L’OCP prévoit de porter sa capacité annuelle à 20 millions de tonnes d’engrais d’ici 2027, contre 15,4 millions actuellement. Cette montée en puissance, notamment sur le TSP (triple superphosphate), vise à renforcer l’autonomie industrielle du groupe tout en réduisant sa dépendance à l’ammoniac, matière première soumise à des fluctuations de prix.
Entre 2025 et 2028, le groupe vise un EBITDA annuel moyen de 40 milliards de dirhams, avec une marge estimée à 38 %. Pour soutenir cette dynamique, un plan d’investissement d’environ 10 milliards de dollars est engagé. Il inclut le développement de capacités de production supplémentaires, la construction d’une usine d’ammoniac vert d’un million de tonnes et un basculement intégral vers les énergies renouvelables d’ici deux ans.
Fitch note toutefois que ces investissements restent modulables. Une partie des dépenses n’est pas encore engagée, offrant à l’entreprise la possibilité d’ajuster le rythme de déploiement selon les conditions du marché. En cas de baisse prolongée des prix des engrais, cette flexibilité est perçue comme un atout majeur.
Sur le plan financier, la trajectoire reste maîtrisée. Le ratio dette nette/EBITDA devrait se maintenir en moyenne à 2,8x sur la période 2025-2028, bien en deçà du seuil de 3x qui signalerait une pression accrue sur le crédit. L’objectif interne du groupe vise un levier inférieur à 2,5x.
Première entreprise exportatrice du Royaume, l’OCP conserve une position stratégique dans l’économie nationale. Cette stature, combinée à son rôle de référence sur les marchés financiers, renforce l’hypothèse d’un soutien souverain en cas de besoin, bien que le groupe ne soit pas directement en charge de services essentiels.
Malgré la contrainte de la note souveraine, Fitch conclut que le profil de crédit de l’OCP reste solide, appuyé par des fondamentaux industriels puissants et une capacité d’adaptation confirmée.





