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mercredi 25 juin 2025

PME au Maroc : une force économique encore sous-exploitée

En dépit de contraintes persistantes, les petites et moyennes entreprises continuent de jouer un rôle moteur dans l’économie marocaine. Représentant plus de 93 % du tissu entrepreneurial, elles concentrent à elles seules plus de 70 % de l’emploi privé et génèrent environ un tiers du produit intérieur brut du pays.

À l’occasion de la Journée internationale des micro, petites et moyennes entreprises, célébrée chaque 27 juin depuis 2017, le poids stratégique de ce segment résonne particulièrement dans le contexte national. Le dynamisme entrepreneurial reste bien réel. L’an dernier, plus de 69 000 structures ont vu le jour, majoritairement des très petites entreprises.

Mais cette vitalité masque une fragilité structurelle. Près de 80 % des TPE ne dépassent pas les cinq premières années d’existence. Les freins sont connus : accès limité au financement, lourdeurs administratives, accompagnement encore trop lacunaire, et retard accusé dans la transition numérique.

Face à cette équation, plusieurs dispositifs ont été déployés. En première ligne, le programme Intelaka, lancé en 2020, a permis de soutenir plus de 50 000 porteurs de projets grâce à une offre de financement adaptée. Deux ans plus tard, Forsa est venu compléter le dispositif avec un prêt d’honneur et un accompagnement ciblé. En deux éditions, plus de 20 000 projets ont été soutenus, notamment en milieu rural et parmi les jeunes et les femmes.

Maroc PME, bras opérationnel du soutien à la compétitivité industrielle, a pour sa part accompagné plus de 6 700 projets entre 2020 et 2023. Ce soutien a mobilisé 13 milliards de dirhams d’investissements et favorisé la création de quelque 133 000 emplois, directs ou indirects.

Plusieurs chantiers réglementaires ont aussi été ouverts. La révision du Code des marchés publics vise à faciliter l’accès des PME à la commande publique. D’autres mesures sont venues fluidifier la vie des entreprises : simplification des démarches via la plateforme CRI Invest, et intégration au circuit formel grâce au statut d’auto-entrepreneur, qui a déjà permis de formaliser plus de 370 000 personnes.

Malgré ces avancées, l’intégration des PME dans les grandes filières industrielles reste marginale. Les chaînes de valeur structurées autour de groupes majeurs, dans l’automobile, l’aéronautique ou le textile, laissent peu de place aux petites structures.

La question de leur place dans l’économie de demain est donc plus que jamais posée. L’enjeu ne se limite plus à leur survie mais à leur capacité à s’adapter aux transitions en cours : numérique, écologique, énergétique. Pour qu’elles puissent y jouer pleinement leur rôle, il faudra renforcer les accompagnements, poursuivre les réformes, et veiller à une meilleure intégration territoriale et sectorielle.

Au-delà des chiffres, la journée mondiale des MPME rappelle que chaque entreprise porte un parcours, une initiative, un emploi. Derrière chaque sigle, un projet de vie cherche à exister durablement.

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L'invité du Nouvelliste Maroc

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