Deux ans après sa dernière levée de fonds en devise, le Maroc s’apprête à signer son grand retour sur le marché mondial de la dette. Le Royaume prépare une nouvelle émission obligataire sur les marchés internationaux, confirmant ainsi sa volonté de diversifier ses sources de financement tout en consolidant sa crédibilité financière auprès des investisseurs étrangers.
Selon l’agence Bloomberg, le Trésor marocain a mandaté quatre grandes banques d’investissement – BNP Paribas, Citi, Deutsche Bank et JP Morgan – pour piloter un roadshow qui débutera ce lundi 24 mars à Paris, avant de se poursuivre à Londres. Objectif : sonder l’appétit des investisseurs internationaux et sécuriser les meilleures conditions possibles pour l’émission à venir.
L’opération, dont le montant exact reste à déterminer, devrait se structurer autour de deux tranches : une première de 4 ans et une seconde de 10 ans, sous réserve de l’évolution des conditions du marché. Ce découpage permettrait au Maroc de répondre à la fois à des besoins de financement à court terme tout en renforçant sa visibilité à long terme sur les marchés.
Pour garantir le succès de cette opération, Rabat s’est adjoint les services de la banque Lazard, en tant que conseiller financier exclusif. Une collaboration stratégique qui vise à assurer une structuration optimale de l’emprunt, tout en facilitant son absorption par les investisseurs internationaux. Ce partenariat est un signal clair de la volonté du Royaume de conjuguer rigueur, transparence et professionnalisme dans sa gestion de la dette publique.
Ce retour sur les marchés internationaux intervient dans un contexte global encore incertain, marqué par la remontée des taux directeurs dans les grandes économies et des tensions géopolitiques persistantes. Pour autant, le Maroc dispose d’atouts non négligeables. Classé comme la meilleure signature « non-investment grade » par les trois grandes agences de notation, le Royaume reste perçu comme un emprunteur sérieux, bénéficiant d’un cadre macroéconomique stable et d’un programme de réformes structurelles suivi de près par les institutions financières internationales.
Pour mémoire, la dernière opération en dollars remonte à 2022, avec une émission réussie de 2,5 milliards de dollars. Quant à la dernière émission en euros, elle date de cinq ans. Ce nouvel emprunt marque donc une étape importante, à la fois pour la stratégie de financement de l’État et pour le positionnement du Maroc sur les marchés de capitaux.
Au-delà du simple besoin de liquidités, cette opération s’inscrit dans une logique plus large : celle d’une gestion active et anticipative de la dette publique. Dans un contexte de relance post-Covid et d’investissements massifs liés à la reconstruction post-séisme et à l’accueil de la Coupe du Monde 2030, le Maroc cherche à allier prudence budgétaire et ambitions économiques. Le recours raisonné aux marchés internationaux en fait partie.
Rabat envoie également un message clair à travers ce retour : le Royaume entend rester un acteur fiable, structuré et crédible sur les marchés financiers mondiaux. Et dans un environnement où la confiance est un capital aussi précieux que l’argent, c’est un pari que le Maroc semble prêt à relever.