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mercredi 16 juillet 2025

Protection sociale : combien ça coûte au Maroc ?

Le chantier de la protection sociale prend une ampleur inédite dans les comptes publics. À en croire les chiffres avancés récemment au Parlement, les dépenses prévues à ce titre s’élèveront à 39 milliards de dirhams en 2025, avant de franchir le seuil des 41 milliards en 2026. Pour rappel, le coût de financement en 2024 avoisinait déjà les 32 milliards.

L’exécutif insiste sur le respect du calendrier fixé, et sur le caractère structurant de ce projet. L’assurance maladie obligatoire a été généralisée à de nouvelles catégories, l’aide sociale directe a été activée, et les régimes de retraite commencent à intégrer des profils jusque-là exclus du système. À cela s’ajoute un dispositif d’indemnisation pour perte d’emploi, qui devrait entrer en vigueur avant la fin de l’année. Autant de mesures qui visent à étendre la couverture sociale à l’ensemble des citoyens disposant d’un emploi formel.

Ces dépenses sont présentées comme un investissement sur le long terme, destiné à renforcer le socle de l’État social et à répondre aux fragilités économiques mises en lumière ces dernières années. Mais leur impact sur les finances publiques est loin d’être neutre.

D’autant que cet effort s’inscrit dans un contexte plus large de revalorisation des services publics. Le budget du secteur de la santé a été revu à la hausse de façon marquée. Entre 2021 et 2025, les crédits alloués sont passés de 19,7 à 32,6 milliards de dirhams, soit une augmentation de 65 %. Cette enveloppe vise à soutenir une réforme d’envergure du système de soins, fondée sur une approche intégrée, une meilleure gouvernance et une amélioration des conditions de prise en charge.

Même logique du côté de l’éducation. Le déploiement de la feuille de route 2022-2026 s’appuie sur une dotation de plus de 85 milliards de dirhams pour l’année 2025. Et pour en assurer le rythme, l’État prévoit de mobiliser 9,5 milliards supplémentaires chaque année jusqu’en 2027. L’objectif affiché : améliorer la qualité de l’enseignement, réduire les inégalités d’accès et renforcer l’ancrage des compétences de base.

À cela s’ajoute un volet social non négligeable : la revalorisation des salaires dans le public et le privé. Environ 4,25 millions de personnes sont concernées par les mesures récemment actées dans le cadre du dialogue social. Leur coût global, d’ici à 2026, est estimé à plus de 45 milliards de dirhams. Les mesures portent notamment sur une hausse mensuelle de 1 000 dirhams nets, versée en deux tranches, ainsi que sur un relèvement des salaires minimums dans les secteurs agricole et non agricole.

Face à cette série de chantiers à fort impact budgétaire, l’exécutif affirme maintenir son cap sur l’assainissement des finances publiques. L’engagement à restaurer les équilibres budgétaires reste affiché, sans remise en cause du rythme des réformes en cours.

Mais dans un contexte marqué par des contraintes macroéconomiques persistantes et des besoins sociaux en expansion, la question de la soutenabilité à moyen terme de ces choix reste posée. L’équation est d’autant plus complexe que les marges de manœuvre budgétaires se rétrécissent, alors même que les attentes sociales, elles, ne faiblissent pas.

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L'invité du Nouvelliste Maroc

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