Le Chef du gouvernement a donné son feu vert, à titre exceptionnel, pour engager des marchés négociés en vue de réhabiliter 90 hôpitaux publics à travers le Royaume. Une mesure justifiée par l’urgence, selon l’exécutif, face à la détérioration des infrastructures hospitalières et au vieillissement des équipements.
La décision, datée du 13 octobre et signée par Aziz Akhannouch, a été transmise au ministre de la Santé et de la Protection sociale, Amine Tehraoui, ainsi qu’au ministre délégué chargé du Budget et à la Trésorière générale du Royaume. Elle autorise le recours à des contrats de gré à gré pour lancer les travaux de remise à niveau dans les plus brefs délais.
Mais ce dispositif dérogatoire soulève déjà des interrogations. Aucune précision n’est apportée sur la durée des chantiers, les hôpitaux concernés, ni les enveloppes budgétaires engagées. Des zones d’ombre qui interpellent, d’autant que la procédure négociée, bien que prévue par la réglementation dans des cas exceptionnels, impose des garde-fous stricts. Sans transparence sur les critères de sélection ou les modalités d’attribution, le risque de dérives reste élevé.
Ce flou alimente la défiance, en particulier dans un contexte marqué par une demande croissante de clarté dans la gestion des affaires publiques. Le ministère, déjà ciblé par des critiques sur la passation d’un marché sensible relatif à la cartographie de la corruption, devra convaincre qu’il peut conjuguer célérité et rigueur.
Accélérer la rénovation des hôpitaux est un objectif largement partagé. Encore faut-il que l’urgence ne serve pas de prétexte à l’opacité. L’administration doit maintenant rendre des comptes sur la conduite de ce chantier, sa planification réelle et les mécanismes de contrôle prévus.