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mardi 10 juin 2025

Renault et Nissan revoient leur alliance

Après plus de deux décennies de collaboration étroite, Renault Group et Nissan dévoilent un tournant stratégique majeur. L’annonce, sobre mais dense, acte un rééquilibrage réfléchi de leurs ambitions communes, à commencer par une restructuration profonde de leurs opérations en Inde et en Europe.

Le groupe français va désormais détenir 100 % de Renault Nissan Automotive India Private Ltd (RNAIPL), après le rachat des 51 % détenus jusqu’ici par Nissan. Une prise de contrôle qui s’inscrit dans la volonté de Renault d’accélérer son déploiement international, avec l’Inde comme nouveau cœur industriel.

Luca de Meo, CEO de Renault Group, insiste : « L’Inde est un marché clé pour l’automobile et Renault va y déployer un écosystème et une organisation industrielle efficaces. » L’usine de Chennai, capable de produire plus de 400 000 véhicules par an, s’apprête à entrer dans une nouvelle ère avec le lancement de la plateforme CMF-B dès 2026. Quatre nouveaux modèles y verront le jour.

Nissan, de son côté, ne quitte pas l’Inde. Le constructeur japonais y maintient ses projets de SUV, ses exportations, et son implication dans le centre de recherche commun (RNTBCI), dont il conserve 49 % du capital. « L’Inde restera une plaque tournante pour nos équipes R&D et nos services digitaux », confirme Ivan Espinosa, futur CEO de Nissan dès le 1er avril.

Autre annonce phare : Renault, via Ampere, développera pour Nissan un dérivé de la Twingo. Ce modèle du segment A, 100 % électrique, sera conçu par Nissan et produit en Europe à partir de 2026. Une preuve de la solidité technique de l’Alliance, malgré un désengagement financier progressif de Nissan vis-à-vis d’Ampere.

Là encore, la logique est claire : plus d’agilité, moins de dépendance structurelle. Nissan se libère officiellement de son engagement d’investissement dans Ampere, scellant une transition vers une collaboration à la carte.

Autre pilier de ce nouveau chapitre : la révision du Nouvel Accord de l’Alliance. Renault et Nissan pourront désormais abaisser leur participation croisée à 10 % – contre 15 % jusqu’alors – sans obligation de le faire. Ce seuil de conservation offre une flexibilité accrue tout en maintenant un socle de confiance mutuelle.

À noter : les 18,66 % de Nissan encore détenus par Renault via une fiducie française restent inchangés. Toute vente d’actions sera encadrée par un processus concerté, garantissant la stabilité du partenariat.

Renault assume pleinement le pic d’investissements prévu pour RNAIPL en 2025, avec un impact estimé à 200 millions d’euros sur le free cash-flow. Mais le groupe reste confiant dans sa trajectoire financière : l’objectif reste fixé à un free cash-flow supérieur ou égal à 2 milliards d’euros sur l’année.

La consolidation à 100 % de RNAIPL permettra par ailleurs une plus grande maîtrise industrielle et logistique sur ce marché hautement concurrentiel.

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